l’autre (non)absent de moi...

Mardi 6 Novembre 2018
L’autre (non)absent de moi... jusqu’à quand ? Je ne peux continuer sans l’autre en moi. Je ne peux poursuivre sans le container de sa présence pour me répandre. Je ne peux... L’autre me donne l’espace de “ses mondes” pour travailler à partir des miens. L’autre est mon atmosphère ; sans lui, l’oxygène raréfié peu à peu m’asphyxie. L’autre me manque... L’air est limite. Un danger plane sur ma vie... sans dramatiser. Mon organisme ne s’ouvre qu’à certaines altérités—lesquelles plongent difficilement dans la mienne. L’étroitesse de l’accès à mes productions me rend inaccessible à ceux qui, dans le ciel, “volent” vraiment. Ma grotte, de l’extérieur, est illisible ; sa rocaille, quand on y pénètre, griffe le sang ; mais, une fois qu’on est dedans, sa vastitude fait chambre d’échos... à l’infini de l’ombre en chacun. Mon identité non-consciente—qui habite ma grotte, n’existe qu’en l’ombre de ceux qui la peuplent. Ils ne sont pas nombreux : ils m’irritent avec douceur et lenteur, jusqu’à détonner en moi dans le lointain. Les ombres se parlent, et se nucléarisent pour faire “champignon de lumière”—destructeur si peu. Car je me porte, me supporte, dans la lumière nucléaire—non-naturelle ?... si ! mais d’une nature intérieure aux relations humaines—à leurs frictions, leurs heurts, leurs coups, leurs flashs, leurs éclats. Ce peut être une giclûre nette, un poing brutal, une lame acerbe ; ce peut être un jaillissement progressif, une eau tranquille qui change de température, un geyser qui gonfle lentement... Je connais les deux. Parfois, en même temps les deux. Il y a la pesante vague de fond, et les gesticulations piquantes de surface. Je connais tout ! tout le monde : chaque moment de cela. Je ne m’en rassasie pas. Encore !... sinon c’est l’extinction silencieuse, la disparition brusque—une mort jusqu’au bout refusée et “tue”. Comment ne pas tomber... là ? dans cet écueil - cercueil ? Je m’y vois déjà. Je n’y serai pas.
Ailleurs que là, on me trouvera. Ma grotte encore et toujours réverbérera son chant nocturne—repris par toutes les chouettes de la terre ! Ce choeur la tiendra vibrante et secrète dans l’ouverture douloureuse à tous. Mais l’accueil des âmes individuelles et collégiales sera bien là ; en clair-obscur, en ombres chinoises ou en couleurs spectrales—qu’importe la captation du “drala”—la qualité sera là. Mille présences de feu campées autour d’un lac reflétant globalement une unique torche vivante ! Je vous accueille... pour m’enflammer en vous, pour vous allumer en moi. J’irai chez vous... où le feu se prolongera, se propagera... de grottes anachorètes en constellations d’étoiles—reliées, magnétisées, synchronisées... musicalisées. On entendra ce chant : chaque grotte le recevra de manière directe par son puits de lumière à ciel ouvert ; chaque grotte, reculée, se groupera à ses soeurs par l’onde stratosphérique et l’unité du choeur de toutes se manifestera en chacune en une résonance démultipliée. Que chacun et chacune se relie à l’autre par “sa grotte” personnelle ! Que chacun et chacune accueille la profondeur de l’autre emplie d’ombres, d’inconnu(e)s, de peurs et de mystères !
Je ne veux qu’accueillir l’autre... en son incarnation de fond, sinon “je ne suis pas”, et l’autre non plus “ne se touche pas”. Osons le toucher... de la peau, et de la non-dualité. Osons la caresse... de nos corps, et de nos vies. Osons sentir le relief... soulever les planches et la terre, pour agripper ce qui se cache dessous. Nos maisons sont vieilles de toutes nos incarnations : entrons dans nos caves ; fouillons nos greniers. Relions-les. Découvrons nos trésors de vie karmique en cours de résorption. Par la terre, accueillons-nous dans notre poussière, notre suie et nos verrues. Puis, absorbons-nous par le ciel : celui de notre Ange qui nous épouse aussi dans son évolution. A chaque pas, il nous attend... Je le déclenche en moi quand je suis avec toi... Reste donc avec moi, libre de toi. ...

Un matin de novembre '18.

Quand tu me donnes cette image, je n’ai que toi.

akmi, 6 nov. ‘18 - 10h47

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