de la difficulté de persévérer

Lundi 24 Septembre 2018·
Connaissez-vous ces états en apparence “mous”, qui ne sont en fait qu’imbibés de peurs ? privés de l’inconscience du jaillissement 1er. Refaire une chose, c’est s’exposer au soulèvement d’énergies usées, abîmées, souillées... tristes, déçues, déprimées. Refaire une chose, c’est s’exposer deux fois au terrain de la réalité dans ce qu’il a de plus chaotique et ignorant, bouleversant et résistant, imprévisible et destructeur, créatif et novateur (aussi). C’est s’exposer au changement... au risque du chamboulement—voire de l’anéantissement... Ou de la renaissance !
Persévérer, en pénétrant chaque fois un peu plus le réel—sa rugosité, son imperméabilité, voire son agression, c’est accomplir le chemin de l’humilité et du don. C’est envisager et accepter toutes les bifurcations ; s’engager abruptement dans un parcours sans promesse, ni prévision ; et risquer de souffrir (à tord ou à raison). Car le réel souvent ne nous comprend pas : ne nous perçoit qu’à l’extrême pointe de ce que nous ne sommes en fait pas. Le réel est ballot, intentionnellement inconscient... ni bougre, ni méchant... juste “automatique”. Les boucles se répètent en lui et le karma y circule à fond. Je suis pleinement dedans. Vous aussi. Et “extraire un sens nouveau”, pour nous tous, est extrêmement challengeant : l’effort et sa répétition, la constance et l’entêtement, le sacrifice et l’acharnement, en sont ses garants.
Faut-il “mourir” pour cela ?... laisser un peu de soi ?... un peu de sa santé—physique et mentale ?

Les "haltes" de l'âme. (sept. 18)

Ceux qui extraient des “sens nouveaux”—qui y parviennent, le font-ils en cachette ? sous couvert d’anonymat ? Portent-ils le masque social ? S’attachent-ils d’abord à incarner une persona socio-compatible ? et à satisfaire les besoins (égotiques) courants de leurs congénères ? Font-ils de grands spectacles ? Leur agilité instinctive et leur flexibilité intellectuelle leur permettent-elles de pourfendre les convenances et de manipuler les points-de-vue pour in fine “briller” sur quelques savoureuses pépites... et/ou, en fait, sur pas grand chose de l’intérieur authentiquement approprié—sophistiqué et patiné ?
Je préfère les acteurs (et les aventuriers)—qui donnent de leur peau, de leur eau et de leur sel. Je préfère les acteurs (et les aventuriers)—qui connaissent “l’être” de celui qui risque tout : qui donne de sa vie pour aller là où personne d’autre ne l’a précédé. C’est une peur qui n’est pas vaine, celle-là... parce qu’elle incarne un bout d’existence “vraie” comme jamais.
Ceux qui savent “extraire des sens nouveaux” le font-ils à la manière des acteurs-en-scène ou des aventuriers-en-piste ? en plein milieu de l’arène ? Ou bien plutôt dans le secret de leur Laboratoire personnel (je pense ici au Livre Rouge de Carl Gustav Jung). A quel moment est-il “propice” de se dévoiler ? sans courir le danger de la submersion, de la déformation, du travestissement ou de la dénaturation.
Je suis perplexe. Persévérer dans le don, c’est parfois clairement voir que l’on va “tout perdre”... parce que la désorganisation l’emportera sur l’émergence. Comment l’environnement nous percevra-il alors peut-être “en creux” ? Faut-il l’espérer ?
Qui sont ceux “qui y arrivent” ? Objectivement, à quoi “arrivent-ils vraiment” ? Voudrais-je en être ? Comment “se mélanger”—tout en s’immunisant, et tout en fécondant ? L’altérité à laquelle on s’ouvre n’est pas choisie ; si elle s’infiltre, elle peut aussi bien “toxifier” que nourrir le terrain. Il y a ceux qui savent filtrer, ceux qui ont le sens de la chimie entre les particules en présence ; et ceux qui, gauches et maladroits, se contentent de subir (et d’écrire—sans portée).
Mon fleuve est sinueux. Mes conclusions nulles. Je ne sais décidément ce qui est “élu” au sein de ces situations-là. Alors... “persévérer” devient aléatoire, flou et sans perspective, fou et sans joie.
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akmi, 24 sept. ‘18 - 11h51

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