d’ici... et de si loin



Novembre 2017
Vous qui "survenez" ici, sur cette page, et qui vous surprenez à "ne pas piger" ce qui s'y passe, n'hésitez pas à suspendre vos élans naturels et à vous demander de quoi il est question.. ... A l'échelle d'un monde élargi—invisible, mais sur la base du nôtre—visible, il peut se produire des choses préhensibles et sublimes, divines. Cette page tente de les décrire.. . ..

I ] L’origine de la Quadris’k’elle (1992-95)

Le livre de Pierre Lévy “Qu'est-ce que le virtuel ?” (1995) renvoie à une référence de Félix Guattari dans son ouvrage “Chaosmose” (1992) : il y est déjà question de ce petit système croisant les quatre ‘facteurs ontologiques’ que sont le virtuel, l'actuel, le réel et le possible.

Le Quadrivium selon Félix Guattari (1992).

Ecoutons Pierre Lévy dans son texte “Sur les chemins du virtuel” —à la page descriptive du “quadrivium ontologique” récapitulant les quatre modes d'être :
Quadrivium ontologique.

« Possible et virtuel ont évidemment un trait commun qui explique leur confusion si fréquente : tous deux sont latents, non manifestés. Ils annoncent un avenir plutôt qu'ils ne délivrent une présence. Le réel et l'actuel, en revanche, sont l'un et l'autre patents ou manifestes. Dédaignant les promesses, ils sont là et bien là. Comment, maintenant, comprendre le clivage qui sépare le possible et le réel, d'un côté, et le virtuel et l'actuel, de l'autre ?
(...) le réel ressemble au possible, tandis que l'actuel répond au virtuel.
D'essence problématique, le virtuel est comme une situation subjective, une configuration dynamique de tendances, de forces, de finalités et de contraintes que résout une actualisation. L'actualisation est un événement, au sens fort du terme. Un acte s'accomplit qui n'était nulle part prédéfini et qui modifie en retour la configuration dynamique dans laquelle il prend une signification. L'articulation du virtuel et de l'actuel anime la dialectique même de l'événement, du processus, de l'être comme création.
En revanche, la réalisation sélectionne parmi des possibles prédéterminés, déjà définis. On pourrait dire que le possible est une forme à laquelle une réalisation confère une matière. Cette articulation de la forme [possible] et de la matière [réel] caractérise un pôle de la substance, opposé au pôle de l'événement.
On obtient ainsi un tableau simple à quatre positions où les deux colonnes du latent et du manifeste croisent les deux rangées de la substance et de l'événement. Possible, réel, virtuel et actuel viennent tout naturellement prendre place dans leurs cases respectives. Chacun d'eux déploie une manière d'être différente.
Le réel, la substance, la chose, subsiste ou résiste. Le possible recèle des formes non manifestées, encore dormantes : cachées au dedans, ces déterminations insistent. Le virtuel, (...), n'est pas là, son essence est dans la sortie : il existe. Enfin, manifestation d'un événement, l'actuel arrive, son opération est l'occurrence. »


Ecoutons encore Pierre Lévy [Qu'est-ce que le virtuel », La Découverte, 1995 - p 141] :
« Peut-être faut-il considérer le dualisme de la substance ( axe possible / réel ) et de l'événement ( axe actuel / virtuel ) comme le yin et le yang dans la philosophie chinoise classique : il y aurait passage, transformation perpétuelle de l'un dans l'autre. Chacun d'eux exprime une face inéliminable et complémentaire des phénomènes, comme l'onde et la particule dans la physique quantique. »

II ] Le 1er Arbre Relationnel (akmi, 2001)

Arbre Relationnel—philosophique (selon le quadrivium de F. Guattari, et originel-2001). Cliquer sur l'image pour l'agrandir.

Description de l’Arbre philosophique (2001-18) :

Arbre Relationnel (akmi, 2001-18).

Origine ? ou éternelle “relation” ? (modèle des triades relationnelles)

Dans un premier temps, l'origine de la Création selon l'Arbre n'est pas un point fixe—un Divin Créateur Initial, une Source Genèse Primordiale, mais une relation incessante au sein du Tout, une émergence qui à l'infini de l'infini n'en finit pas de résoudre ses “relations” intestines—tant aux niveaux supérieurs (et/ou infiniment “grands”) qu'inférieurs (et/ou infiniment “petits”).
Le principe relationnel ici est “trine” : à savoir qu'il met en rapport—en enaction, en co- générativité, deux entités en capacité de relationner synchroniquement entre elles et—qu'outre les mutations induites chez les deux agents—“parents”, il rend aussi possible et/ou engendre l'existence d'une 3è génération—“enfant” au milieu—en voie du milieu.
  • ➢ Ce-Qui-Est—créateur de ce-qui-n'est-pas—matière >> vers ce-qui-fait- expérience (humain ?)
Dans un second temps, l'Arbre—sans bien clairement se prononcer, fait entrer l'idée d'un Principe Initial Qui Sait et Qui Est créateur de “ce qui n'est pas” et “ne sait pas” (la matière—les particules primordiales) *1. Pourquoi ce Principe—suffisant à lui-même, s'exécuterait-il à cela ? Originellement, “Il” serait Connaissance ; son passage à l'acte de la mise au monde de la Création impliquerait qu'”Il” se re-crée et se re-invente sur un autre mode : “expérientiel” celui-là. L'humain ferait partie de l'accomplissement de ce programme—en évolution permanente sur son chemin d'accomplissement.
  • ➢ quantum d'amour non-duel “onde-corpuscule” >> yang ( immatériel ) / yin ( matériel )
L'amorce de ce “sous-système” naissant—ici représenté depuis le big-bang, se réaliserait selon le mode (non)-duel de co-définition stéréoscopique “onde-corpuscule”. Cet assemble incertain implique la validité d'une série de “lois quantiques”—explicatives des comportements particulaires les plus improbables à cette échelle-là (de Planck) : principe de superposition *2, principe d'incertitude, d'indétermination ou de complémentarité *3, principe d'intrication *4, décohérence *5.
  • ➢ relation synchronique / harmonique >> émergente / croissante entre les 2 >> en voie du milieu
Entre le yang immatériel (ondulatoire) et le yin matériel (corpusculaire) : une relation— synchronique et “trine” >
  1. permettant la co-émergence—en la révision enactive des deux sous-systèmes “parents” ;
  2. ainsi que permettant une émergence inédite et médiane—en la conception d'un nouvel “agent-enfant” (unité, entité, œuvre, espace, ...) émanant des deux premiers “agents- parents” et les prolongeant de manière génétique externe et autonome. La reproduction sexuée (la sexualité)—polarisée et procréatrice de vie participe de ce processus “co-naissant”.

Principes génératifs >> chaos moteur (constructeur) vs chaos séparateur (destructeur)

Deux forces antagonistes en activité dans l'univers : l'une (l'amour)—constructive, qui collusionne, assemble, attire, magnétise, rapproche, soude, ... ; l'autre (la peur)—destructrice, qui sépare, sculpte, discrimine, compare, différencie, éloigne, ...
S'en suit—sur notre planète (seule aussi bien connue de nous), toute une évolution des constituants (chimiques, organiques), puis des créatures (vivantes, sentientes, puis conscientes) > de la matière au sens—en passant par la vie, les émotions, les sentiments et la pensée.
  • ➢ pas de la matière >> depuis le frottement des “branes” >> big-bang (minéraux)
  • ➢ pas de la vie (végétaux) >> des émotions (animaux) >> des sentiments (humains)
  • ➢ pas de la pensée >> “bocal mental” (humain ++)
  • ➢ pas du sens >> conscience-présence >> dans “l'actuel”—pour une actualisation du “virtuel” ...
Et c'est là qu'intervient notre quadrivium des facteurs ontologiques ou “modes d'être”—chers à Félix Guattari et à Pierre Lévy—tels que l’Arbre Relationnel les a retenus et introduits (version 2018) :
  • [ substance manifeste = la matière ] => “Le réel” / la vie subsiste > Notre lien à nous-même : à l’ego ; à notre incarnation énergético-spatio-temporelle >> notre persona corporelle située ;
  • [ substance latente = l’information ] => “Le possible” / le nouveau insiste > Notre lien à la “petite altérité” : celle de “l’autre” en soi ; celle aussi (en polarité avec la matière / le corps) de l’information, des abstractions intellectuelles connaissantes et/ou machiniques >> notre persona empathique et intelligente, notre guidance interne sentiente et consciente par le Soi individuel ;
  • [ événement manifeste => l’enaction ] => “L'actuel” / le temps arrive > Notre présence ; la synchronisation holistique (à tous les niveaux de nous) dans l'action courante—nous permettant une adaptation pragmatique à l'environnement ;
  • [ événement latent = le chaosmos ] => “Le virtuel” / la vérité existe > Notre lien existentiel à l'Altérité Suprême—via le Soi collectif.

Idée de “ce qui atteint la cible” du VIRTUEL—de ce qui L'actualise dans le “temps vivant”

  • ➔ sur la base de l'empreinte du “possible” informationnel invisible (le pouvoir intentionnel, influant et connaissant—Créateur ) dans le “réel” spatio-temporel visible (la matière passive, informe et ignorante—créée) ;
  • ➔ la FORME émerge dans le tangible “qui subsiste”—sous l'impact de la mathématique masculine active “qui insiste” dans son désir d'informer son féminin réceptif ;
  • ➔ le Péché (du latin “Amartia”) est “ce qui n'atteint pas la cible” par transgression de la Loi Divine >> ici, dans ce modèle, cette Loi est le “principe croisé” de cette molécule opérationnelle et dynamique à 4 dimensions ;
  • ➔ la voie est “médiane”—équidistante des 4 pôles de tension générative de l'être ontologique “virtuel” dans le corps subjectif “actuel” >> elle tricote et synthétise le transfert d'une dimension dominante (yang) dans une autre complémentaire (yin) ;
  • ➔ c'est dans “l'actuel” (le “présent vivant”) que le sujet qui s'éprouve stéréoscopiquement intériorise et adapte en lui les territoires existentiels chaos-miques “virtuels” (à proprement parler : “divins”) ;
  • ➔ l'effet de ce motif doit être fractal—reproduit à toutes les échelles—de l'infiniment grand à l'infiniment petit >> et cela, quelle que soit la “nature des agents” et l'équilibre de leur formulation “onde-corpuscule” ( >> hypothèse de l'existence de “constitutions” inconnues de nous dans des dimensions cosmiques “parallèles”).
Notes :
1* • Inspiré de la trilogie: “Conversation avec Dieu” de Neale Donald Walsch (1995).
2* • [ wiki ] En mécanique quantique, selon le “principe de superposition”, un même état quantique peut posséder plusieurs valeurs pour une certaine quantité observable (spin, position, quantité de mouvement etc ...).
3* • [ wiki ] En mécanique quantique, le “principe d'incertitude” (de Heisenberg) ou “principe d'indétermination” désigne toute inégalité mathématique affirmant qu'il existe une limite fondamentale à la précision avec laquelle il est possible de connaître simultanément deux propriétés physiques d'une même particule ; ces deux variables dites “complémentaires” peuvent être sa position et sa quantité de mouvement.
4* • [ wiki ] Deux systèmes ou deux particules peuvent être intriqués dès qu'il existe une interaction entre eux. La téléportation quantique fait usage de l'intrication pour assurer le transfert de l'état quantique d'un système physique vers un autre système physique. Ce processus est le seul moyen connu de transférer parfaitement l'information quantique. Il ne peut dépasser la vitesse de la lumière et est également “désincarné”—en ce sens qu'il n'y a pas de transfert de matière.
5* • [ wiki ] La décohérence quantique est une théorie susceptible d'expliquer la transition entre les règles physiques quantiques et les règles physiques classiques—telles que nous les connaissons à un niveau macroscopique.

III ] La Quadris’k’elle actuelle (akmi, 2017)

Entreprenons maintenant un voyage au pays des “atomes” (possible, réel, actuel, et virtuel)—tels qu’ils sont devenus. Associés à des éléments, ils développent en synthèse une approche plus psycho-poétique de l’Arbre. ...

Arbre Relationnel—"éléments" ou Quadris'k'elle (2017).

L’atome “alter” (le possible, l’eau, le nouveau)

L'autre, quand je le devine.
L’autre, comme un rid’eau... L’autre se voile et se dévoile. Comme moi, il fait écran : il montre sa vérité dans le mensonge caché et se maquille pour éclater sa joie faussée. L’écran n’est qu’artifice ; l’écran est mobile, aussi fluctuant que le “soi sans soi”, aussi grisant que l’absence de repères dans l’air ou l’abandon d’une solidité dans la terre. L’impermanence de nos projections transperce l’écran et affiche nos peurs... de ne plus être fixement.
L’autre, c’est nous-même, dans des mondes semblables ou différents, habités tout singulièrement. ... L’autre, c’est des histoires avec des rêves au bout, mais sans jamais de fin qui soit une fin vraiment. L’autre, comme moi-même, c’est un passage sans au-delà, comme un miroir du monde un temps actualisé en une facture unique et privilégiée et qui se renouvellerait sans aboutissement. .. .
Je me mire dans l’autre qui se reflète en moi. Ensemble, nous co-existons en devenir trouble. Ensemble, nous nous intriguons et nous suspendons. A deux, nous “laissons venir” sur la base de nos souches altérées, puis redirigées en un sens généreux, curieux, ouvert. .. . A deux, nous nous nourrissons de l’espace instable, chaotique, polarisé, sublimé, “au milieu”. ... Et quelque chose s’intègre—qui n’est ni tout à fait l’autre, ni tout a fait moi, au sens de ce que j’en connais déjà : le “nouveau” advient sur la base de ma réalité possible, réelle et actuelle ; et le nouveau connecte les racines de mon virtuel “chaosmique” pour que quelque chose en moi se révèle et relève un sous-voile du rid’eau. .. . “Quelque chose” se soulève et se lève ; “quelque chose” lie le moment à l’espace, et l’espace à l’absence... du “plus loin” invisible devant. Tout pour moi devient transparent et présent. ... Tout en fait est “déjà là” présent. . ..
Dans la Quadris’k’elle, l’altérité et le “plus loin déjà présent” sont aussi connexes que superposés. ...

L'information à son état initial, quand nous le retrouvons.
La passerelle “alter - ego”

La vie de chair” est-elle une altérité ? A quoi ? A ce qui se gèle dans la neutralité de l’information.. . ? La vie de chair permet le réchauffement dans l’élaboration du temps. Depuis la proto-existence de la particule élémentaire, le temps conjugue l’espace pour le rendre vivant ! ... . La vie d’une information, c’est de passer dedans—dans la trame qui la rendra subjective, jouissive ou souffrante, avant de se réfléchir elle-même. La base de la vie de chair, c’est de (se) sentir pour (se) connaître. ...

Pénétration d'une information dans l'espace charnel.
L’information, l’altérité presque suprême, garantit “la vérité” de ce qui est, mais qui ne s’éprouve pas encore. Pour descendre dans l’instant, le capter à son profit, l’information doit s’inspirer des conjonctures de l’espace-temps, et de l’alignement des circonstances qui fabriquent la sensation, le sentiment et le sens. Alors seulement l’information devient sensible et charnelle—parce qu’on la contient et qu’on la comprend. ... Nous sommes de l’information vitalisée ! Et nous attendons qu’elle nous vitalise toujours plus !. ...

Alignement de la synchronicité : l'information pénètre la matrice.
Quand l’information descend dans l’espace via le temps, on appelle ça “synchronicité”. Les planètes nécessairement coordonnées laissent passer, laissent filtrer. ... Et les mondes peuvent se rencontrer—pour que l’un devienne sentient (l’information) et l’autre devienne conscient (la chair). Nous, l’homme, sommes les deux. Sans nous, le temps existerait-il d’ailleurs ? Et l’espace serait-il mobile ?. .. .

Bébés de la Quadris’k’elle, nous en lions tous les composants—matériels, immatériels ; vivants, connaissants ; émergents, inspirants. Tous les nouveaux “nés” (les nouveaux “conçus”) sont des miraculés de la Quadris’k’elle. ... Ils sont l’expression la plus parfaite de la synchronicité, quand “tout s’exprime” pour le mieux. ... Les terrains en rapport sont poreux : ils “nous” laissent passer, filtrer,... dans des formulations karmiques nécessaires et rigoureuses. .. .
.. .. ...

L’atome “ego” (le réel, la terre, la vie)

Des particules ? ou bien des (mem)branes ? Quelle échelle ?.. .
La vie, zone perdue, égarée du cosmos ? ou bien la vie, point de tension des forces physiques et subtiles originelles ? Au commencement de “chez nous”, imaginez-vous plutôt un éblouissement enténébré ou plutôt une ombre ensemencée ? Avant la vie, était-ce déjà la vie ?.. . . Qu’est-ce que la vie ?
Le réel (l’atome ego) qui se met à vivre, c’était quand ? Etait-ce ici ? Sous quelle pression ? Au terme de quelle attraction ? De quel amour vécu ? De quel temps donné ?.. .
Y a-t-il un commencement à la vie de la Quadris’k’elle ? A-t-elle une origine ? On ne sait pas. On imaginerait bien qu’à tous les niveaux fractals d’elle-même, la Quadris’k’elle fasse “miroir” à un autre type de molécule—de genre connexe, et qu’entre elles, il y ait amour et magnétique attraction ; il y ait “Tao” et “entrée en fusion” par la voie du milieu. On imaginerait bien aussi qu’au terme de toutes les fusions opérées au sein des différentes connexions internes simultanées, quelque chose d’unique en la matrice soit “accouché”, “réalisé” : qu’un 3-enfant soit “né”—une forme “humaine” (ou autre ?) sans doute très évoluée, et d’une certaine manière “ressuscitée” ?
La vie de la Quadris’k’elle commence avant l’apparition de la vie stricto-sensu, et l’expression de la vie en elle peut encore fondamentalement évoluer. Qu’est-ce que la vie stricto-sensu ? A quel moment le point de bascule de la définition dite-autopoïétique ? L'autopoïèse (du grec “auto” : soi-même, et “poièsis” : production, création) est la propriété d'un système de se produire lui-même, en permanence et en interaction avec son environnement, et ainsi de maintenir son organisation malgré le changement de composants (structure). Elle vise notamment à définir “l’être vivant”. (cf. Humberto Maturana et Francisco Varela, Autopoietic Systems - 1972)
Quelque chose du bouclage “égotique” ou même de la “réflexivité” s’exprime ici de manière nécessaire et saine : le système assure et préserve son maintien “auto-engendré” dans le temps ; le système se survit à lui-même un temps certain, via le renouvellement constant du réseau de ses composants—à l’identique dans l’organisation qui les définit.
Un système vivant se caractérise par son organisation interne et relationnelle, endo-générée et cyclo-reproduite—avec possibilité de mutations (de dérives naturelles). Un système vivant est une sorte de “primo-ego” plongé au coeur d’un “milieu alter”. Les organismes et les environnements se font vis-à-vis et se co-définissent : c’est l'énaction varélienne.
Du point de vue de la cognition incarnée et située, les “esprits humains” s'organisent eux-mêmes en interaction avec leurs différents niveaux de “contexte”—corporel, émotionnel, mental... et relationnel. Les esprits humains adviennent “en voie du milieu”—au plus connecté et profond de leurs racines biologiques, au plus vital de leur inter-relations environnementales. Là est “l’inscription corporelle de l’esprit”. ... Une notion marquant l’autonomie du vivant, autant que son ouverture sur le monde—dont il a besoin pour, avec lui, se co-engendrer et co-évoluer.

La vie boucle sur la protection du “un”—de l’unité, au sein de l’ensemble des “uns”—lui-même “unité”. C’est la vision holistique, qui permet au vivant expérientiel de se (com)prendre lui-même dans sa globalité et au sein de la complexité.
“L’atome de l’ego” n’est donc pas qu’un étouffoir latent, mais bien un laboratoire d’émergence de formes et d’états qui s’hyper-singularisent et se pérennisent... temporairement.
[ livre de référence ] L'Arbre de la connaissance, Addison-Wesley France, Paris, 1994.
[ livre de référence ] L'Inscription corporelle de l'esprit - Sciences cognitives et expérience humaine, Seuil, Paris, 1993.
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La grande porte de l'actuel... au virtuel.
L’atome porteur (l’actuel, le feu, le temps)

Ce qui nous “porte”, c’est l’ajustement de l’espace dans le temps : le rassemblement, l’étranglement en ce qui nous paraît être l’instant, le specious present de Francisco Varela. Je m’ajuste dans mon moment et j’incarne le temps en mouvement : je le compose et le “cinétise” pour, dans mon corps, le lier à l’espace, au corps et à l’esprit de l’autre, au fil de mon action. Si “l’autre”, par son corps et son esprit, entre dans ma constitution relationnelle au temps, quel est alors le rôle de l’affect qui intersubjectivement me relie à lui ?

Représentation du temps ici "mécanique",
mais un temps à condensation en réalité "affective". ...
S’il est impossible de localiser l’esprit ici ou là dans le cerveau en tant qu’entité autonome, autosuffisante indépendamment de l’autre, et si ma présence au monde est générativement enactée dans la co-détermination avec cet autre, on peut dire que : “Cet esprit-ci (le mien) est cet esprit là (celui de l’autre).” ~ F. Varela. Et ici, la sensibilité affective créée au contact de l’autre est un phénomène pré-réfléchi qui auto-constitue le “sentiment-même de soi” dans le temps. C’est une “auto-affection” qui me donne l’illusion sentiente de moi-même dans le temps de l’affect—antérieur à celui de la cognition : “Je suis affecté ou ému avant qu’un je, quelqu’il soit, ne le sache”.

Entrée dans la matrice.
En présence à soi-même dans l'affect qui crée le temps.
Ainsi, les co-variations affectives “moi-autrui” créent le flux temporel vécu. L’affect, l’amour, créent le temps. Je me relie constitutivement au temps, je m’intègre UNconsciemment dedans, au fil de mes attachements. Un flux de nature originelle et karmique ?
Quand j’inter-relie les éléments qui composent mon univers de pensée et d’action, je crée de la relation et du temps entre eux. Je couds le tissu inter-relationnel—relatif, de l’espace-temps.

Temps perçu versus composition du temps réel.
Par là-même, de manière pragmatique et graduelle, j’adapte mes composants en interne et je les adapte à la contingence externe. Il peut y avoir “évolution”, transformation. A cheval sur rétention (perception retenue ou recueillie par la conscience dans un présent temporairement étendu) et protention (anticipation du moment suivant—qui doit être perçu), mon présent “spécieux” (apparent) donne illusoirement consistance et réalité à mon flux perceptif—que je ressens à tord comme continu et identitaire de moi-même. Néanmoins, l’élasticité de cette articulation perceptuo-temporelle me permet de “me” broder subjectivement au fil du temps, de “me” tricoter dans l’éprouvé du temps. Et l’espace perceptif enactif et mobile que je co-crée et re-configure en moi et autour de moi, peut évoluer et se transformer. ...

[ article ] F.J. Varela : The Specious Present : A Neurophenomenology of Time Consciousness, in J. Petitot, F.J. Varela, J.-M. Roy, B. Pachoud and (Eds.), Naturalizing Phenomenology: Issues in Contemporary Phenomenology and Cognitive Science, Stanford University Press, Stanford (1999).

La passerelle “porteuse du chaosmos”

Le temps porte, nous porte et nous déporte... pour que “quelque chose advienne”. Malléables en lui, le temps, nous nous adaptons sans cesse à là où nous existons, et “nous existons” précisément parce que nous nous adaptons. Nous nous adaptons et existons de deux manières : l’une tangible, matérielle, formelle : manifeste ; l’autre invisible, spirituelle (de l’âme), incorporelle : latente. Et les deux dimensions cherchent à s’entendre, à se synchroniser, à fusionner—dans le respect des deux identités.
Dans le temps de mon incarnation, j’intègre mes problématiques (karmiques)—qui se déploient au fil de la succession des contextes de ma vie. Ces problématiques (que je vois ou non) me sont proposées par les situations, et leur récurrence ne se justifie que si je ne les vois pas, ne les écoute pas, ne les considère pas, ne les comprends pas. Ces problématiques descendent de plus haut (ou remontent de plus profond, fondamental) : elles concernent ce qui en naissant en moi doit s’ajuster d’un point de vue “divin”. Afin que tout soit “en place”.
Je suis souple ; j’ai le temps. Je le prends pour percevoir et appréhender ‘ce qui est’—qui veut ou qui ne veut pas. Et je cherche pourquoi, pourquoi ces résistances autour de moi—qui ne répondent qu’à celles précisément en moi, durcies par tout ce que ‘je ne vois pas’. Si cela descend en moi, je verrai : ma présence à ‘cela’ s’élargira, et finalement ‘je serai’.

Lien à mon Soi depuis mon incarnation.
‘Cela’ : la dimension chaosmique particulière correspondant à mon lien divin originel—mon Soi. Car c’est mon Soi, depuis sa complétude de moi, qui exige mon alignement, mon ouverture et mon acceptation. Un quitus d’amour—car dans le Soi, le liant des éléments n’est qu’amour. Lequel, en pénétrant, procure et le plaisir, et la joie.
Ma relation à toi n’est que la maquette de ma relation au Soi divin. Je jouis de toi dans l’altérité, de la même manière que “je” m’exalte en Lui. Les extases divines sont des manifestations charnelles de cette imprégnation chaosmique—qui nous divinise (aussi). La Théïosis en nous est notre grande réalisation finale, épanouie au sein de notre Altérité initiale—celle du Divin.
Ce-Qui-Est (l’information—divine) et ce-qui-n’est-pas (la matière—ignorante) se sont co-créés jusqu’à “nous”. Nous, la progéniture inaccomplie de ce chemin d’Amour entre les deux. Nous, qui réalisons dans notre forme corporelle, émotionnelle et psychique, ce que l’Amour dit et permet entre les deux.

L’atome chaosmique (le virtuel, l’air, la vérité)


... La ronde de nuit des étoiles. La voile actée. Le grand voile qui nous sépare de la vérité, en même temps qu’il nous la fait apparaître en pointillés. Chaque étoile est un repère de fiabilité. Chaque étoile un havre de fécondité. Ce qui réside en l’étoile éternellement sera “préservé”. ...
Ici une ontologie parsemée de trouées—dont chacune permet à la lumière de descendre vers l’homme personnellement. ... Autant de synchronicités que de points d’ajustement entre l’homme et la lumière de chaque trouée. ... Autant de trouées que d’hommes exclusivement aimés, et guidés. ...
Ce voile réside dans le ciel profond, et fait miroir au ciel de notre âme de naissance qui nous constelle dedans de toutes nos intuitions. ...
La nuit, la terre tourne le dos au soleil pour protéger l’homme de l’éblouissement figé : de la conscience constamment tournée, appuyée. La nuit, le champ de l’ombre portée permet à la vérité de briller, de s’infiltrer comme par un moucharabieh, de dessiner sur la voûte essentielle des luminescences qui re-naturent son symbolisme vivant !
L’UNconscient se réunifie. L’UNconscient se parle à lui-même en des récits qui plongent l’homme au coeur de son histoire, de son incomplétude et de sa requête. Le “conscient” de l’au-delà migre dans le conscient d’ici-bas. L’ontologie divine infiltre la phénoménologie humaine. Nos “phénomènes humains” alors sont contents. ... Car ils ne s’épanouissent vraiment que dans des cadres géants au coeur de leur intimité élue.
Nous sommes des humains à la voûte de Kéther inspirée : un peu d’ombre pour nous la dégager des spots, des chocs et des brutalités ; un peu d’ombre pour nous la poétiser dans la relation “alter” sereine avec nous-mêmes—en notre bout de Dieu rien qu’en nous-mêmes. ... .
Somewhere, something incredible is waiting to be known. – Carl Sagan

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