la voie, le combat, l’accouchement


Novembre 2017
Les grandes fatigues sont-elles le signe d’un “travail” ? Celui de l’enfant qui se forme, qui accueille ses formes—à l’intérieur d’un ventre doux et chaud ne s’originant plus que dans lui ? Mon ventre s’origine dans l’enfant—l’Arbre, qui pousse maintenant à l’extérieur de moi. Et non l’inverse .)
Je terrifie mes nerfs pour avancer sous une pression interne venue de nulle part de conscient. Lentement, je fabrique mon origination—en-deçà de mes parents. Je viens d’un au-delà et j’y retournerai, tout le long “en n’existant pas” (ou “en existant”, mais pas comme on l’entend des fois). J’existe dans la seule mesure où je suis une voie, et où je mène une sorte de combat : pour que la forme soit. Mais le “je” qui soutient cela n’existe pas.
Ce qui fatigue est-il “ce qui existe” ou bien “ce qui n’existe pas” ?
Et là, je me rappelle ce que j’avais écrit en ce temps-là (7-14 novembre ‘17), à propos de la Quadris’k’elle toute naissante. Flash back (sur ma douleur et mon contentement).
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La Quadris’k’elle... molécule bio-chimérique qui lie le visible à l’invisible.

Focale sur le centre "au travail".
Que voyez-vous au centre de la molécule (de l’image ci-jointe) ? Rien ?... Comme vous, je ne vois rien. Pourtant la dynamique qui tient le centre en “un” existe bien, au creux de 4 générateurs. Le “un” central—où vous vous trouvez ici et maintenant, est la résultante temps réel d’une générativité à 4 polarités simultanées. ...
La question ici est : comment tenir “agencé” alors qu’en fait on n’est “rien” ? Comment maintenir cette illusion du “un” (de soi), alors qu’il n’est pas (qu’on n’est pas) ?
Je sais bien que pour dépasser une illusion, il faut déjà penser que c’en est une. Commencez donc par penser que nous sommes une illusion. Essayez... .) La molécule en activité elle, n’en est pas une, d’illusion—dans ses dimensions physiques et chaosmiques. Mais nous, si. C’est la molécule qui “nous tient dedans” : dedans “nous”, dedans “la vie”, dedans “hors de la vie”. Sans son élasticité à elle, pas de “nous”—même “virtuel”, à savoir reconstitué.
Passer de la sentience de soi, à la conscience de soi, puis à l’illusion de soi, nécessite quoi ?...
Si la perception de l’illusion qu’il y a à vivre comme “unité de conscience” est difficile, si la perception d’un “continuum de conscience” au contraire persiste, c’est qu’on ne peut soutenir de “ne plus être”. Que se passe-t-il alors vraiment en cet instant ?... dans la panique de disparaître.
La conscience du petit soi/moi, pour se percevoir dans sa vérité, doit commencer par abandonner sa prétention d’exister au sens continu, ou consistant, ou bien encore solide. ...
“Why do emergent selves, virtual identities, pop up all over the place, creating worlds, whether at the mind/body level, the cellular level, or the transorganism level ? This phenomenon is something so productive that it doesn't cease creating entirely new realms: life, mind, and societies. Yet these emergent selves are based on processes so shifty, so ungrounded, that we have an apparent paradox between the solidity of what appears to show up and its groundlessness. That, to me, is the key and eternal question”. ~ F. Varela, The Emergent Self (1995)
Et pourtant, nous sommes... nous sommes une illusion, une virtualité—avec laquelle nous vivons, nous nous épanouissons et nous souffrons. ...
Entrer dans l’abstraction de cette vérité : nous sommes des virtualités “sans fondement” ?... Ou bien demeurer dans le mensonge de “notre construction”—sensitive et mentale, durcie ? Entrer dans l’abstraction proposée nous permettra de définir la conscience qui se joue entre nous et l’environnement, nous et la planète, nous et la matrice, nous et le chaosmos. ...
“There is a reality of life and death, which affects us directly and is on a different level from the abstractions. We have to abandon the enormous deadweight of the materialism of the Western tradition, and turn to a more planetary way of thinking”. ~ F. Varela, The Emergent Self (1995)
Ce qui n’existe pas “en lui-même” fixement doit alors exister parce qu’il est dynamiquement relié. On va partir de là. .. ...

Au centre de la molécule, ce n'est pas le vide... c'est l'inter-relation.
AU CENTRE DE LA MOLÉCULE : le soi sans soi, ou soi sans fondement... qui n’est pas “vide”.

Affirmer que nos “soi-mêmes” sont “sans fondement” ne veut pas dire que ce sont des esprits “vides”, mais des esprits sans origine, ni identité, fixes. Des esprits “voyageurs” pourrait-on dire et uniquement capables de “voyage”. Des esprits dont la structure “ne tient ensemble” que par la dynamique émergente qu’ils entretiennent au sein de leur incarnation dans des corps et au sein de leur intégration dans des environnements (eux-mêmes inter-reliés).

Au centre de la molécule, ce n'est pas le vide... c'est la fécondation croisée "soi-monde".
“[Our] new approach to the neuroscience of consciousness, growing out of the 'enactive' viewpoint in cognitive science, suggests that the processes crucial for consciousness cut across the brain-body-world divisions, rather than being brain-bound neural events”. ~ F. Varela, Radical embodiment: neural dynamics and consciousness (2001)
Et ce qui anime ces esprits, c’est la “précarité générative” qui les maintient dans la nécessité du mouvement... C’est le “manque conscient”... ou bien le “désir de”...
“Our hypothesis is that we inhabit a body that is the continual reconstitution of its emergent identities. But the movement that defines this condition is always animated by the lack of something: identity resides nowhere, except in its autonomous constitution, in its own circular processes that self-affirm. Inevitably this autonomous world is always close to breakdown. If life always consists in an activity in relation to what is lacking, [this lack] is also its impulsion, its desire to continue”. ~ F. Varela & A. Cohen (1989)
Quel est plus précisément ce mouvement vivant, incessant de faim divine et de vie féconde ?...

AUX 4 PÔLES DE LA MOLÉCULE : ce que je suis, ce que je rêve, ce que je vis, comment j’évolue vraiment...

On va dire alors qu’on se manque à nous-même ! Que notre incomplétude dans le “je suis” est le signe de notre séparation d’avec une dimension de nous potentiellement “plus accomplie”. L’intuition de notre “accomplissement” dans sa forme est sans doute relative, et même fantasmagorique ; mais dans le fond, on sent bien qu’en nous, les choses ne sont pas complètement d’aplomb. ...

Vue de l'atome "ego" depuis l'atome "alter".
Dans le “je suis” de la boule de droite (l’atome “ego”), il y a l’idée de l’ignorance que j’ai pour moi-même. Il y a l’idée de cette réalité spatio-temporelle sensible, la matrice dont je suis, qui ne “se connaît pas” encore elle-même. Notre incarnation charnelle et énergétique, notre persona corporelle située, souffrent et subsistent. ...

Vue sur l'atome "alter" depuis l'atome "ego".
Et puis, en face : la boule de gauche, l’atome “alter”. Cette altérité vit d’abord en moi-même ; je la contiens. Elle est l’altérité de ma matière et l’altérité de mon ego. Elle est ce qui m’attire dans les champs des possibles—sans résistance autre que celle du réel en vis-à-vis. Elle est l’immatériel qui m’inspire, m’aspire, transpire en moi, et m’anime : mon Ame, mon Ange, ma Supraconscience, mon Soi,... Elle est l’humanité qui me meut, me transfère, me déboîte, me miroite,... : mon alter ego... toi. Elle est “mon rêve”, l’abstraction en moi qui insiste (... autant que la mathématique dans la forme).
Et là, il y a l’idée sous-jacente que la relation horizontale (avec l’autre) permet la relation verticale (avec Soi), et vis-versa. ...

La roue porteuse de l'actuel : une génération croisée.
Où cela se passe-t-il si ce n’est dans l’espace de ce qui nous apparaît être “maintenant” ? L’atome rassembleur du moi et de “l’autre” en moi, c’est celui du bas : l’atome “porteur”, qui noue dans le temps vivant quelque chose de l’actuel en moi. Je vis, quelque chose m’arrive, s’adapte et s’intègre en moi dans l’action courante... Je suis “présent(e)”, coordonné(e) dans mon corps et à mon environnement. ..

L'intégration chaosmique : l'éclair.
Et en étant “là”, dans l’équilibre de mes facultés égotiques et alter, quelque chose se passe simplement qui me fait “exister”. Quelque chose “descend” au travers de mon existence et fait écho à toute l’existence. L’atome “chaosmique” (en haut) se révèle dans mon expérience. Par moi, l’évolution de la forme est en mouvement ; par moi, la Création se formule elle-même dans le flot de sa réalisation formelle dans la matière. Ma création de forme(s) entraîne ce qui advient dans la Forme toute entière.

La Quadris'k'elle et ses atomes.

Nous ne sommes pas le vide, nous sommes ce processus-là, à 4 battements. Le Sublime en nous s’accomplit divinement dans l’intrication de cet enchevêtrement. Nous sommes le lien qui, sans effort, tient ensemble toute la constitution de l’univers. Un échangeur ! Un éclatant coeur qui contend les forces et détend les articulations. ... Notre coeur n’a pas de limite à la vie qui le parcourt et il nous travaille pour que nous accueillions cette vie en nous.

LES PORTES

Au coeur de la molécule de la Quadris’k’elle, un magma blanc éblouissant donc. Circonscrit dans une bulle à membrane robuste et légère, comportant autant de fentes que d’accès aux 4 atomes alentours. 4 fentes donc et un sens de circulation : une boucle que l’on parcourt dans un sens nécessaire. Ces 4 fentes sont 4 portails successifs d’accès à la conscience par l’expérience.

4 portails associés aux 4 éléments.

  • La 1ère porte que l’on emprunte est celle venant de l’altérité (le possible) et plongeant dans le magma blanc. C’est la porte de la suspension—qui traverse l’eau.
  • La 2nde porte est celle quittant le magma blanc et allant vers l’ego (le réel). C’est la porte de la redirection—qui traverse la terre.
  • La 3è porte quitte l’actuel porteur et ouvre sur le magma blanc. C’est la porte de la primo-présence, dite l’arc sacré—qui traverse le feu.
  • La 4è porte nous fait quitter définitivement le magma blanc vers les contrées chaosmiques. C’est la porte du devenir-conscient, dite le pas du sens—qui traverse l’air.
Dans leur disposition cardinale, les 4 portails veillent à ne pas s’opposer, voire à s’anéantir, par pair. Au contraire, l’eau irrigue la terre et le feu s’enflamme au contact de l’air. Les rêvolutions successives au fil du franchissement de ces portes génèrent un travail constant au sein de la matrice réflexive. Un travail d’accouchement. L’univers devient présent et conscient à lui-même. ...


PORTE DE LA SUSPENSION (EAU)

aqua.
Suspendre: tenir à l’arrêt un temps, stopper pour un moment, le cours d'une action, de quelque chose.
On perçoit l’autre qui nous “arrête” dans notre routine interne. L’autre peut être un évènement extérieur ou une injonction à soi-même. “Percevoir l’autre” nous fait vivre un temps de dysharmonie avec nous-même—une sorte de chaos asynchrone, comme une rupture dans l’attention linéaire qu’on prête nonchalamment à notre propre vécu. Ainsi, “l’autre” nous donne l’opportunité d’un changement possible, d’une altération envisageable, dans notre attitude naturelle—à savoir installée, quasi hypnotique.

PORTE DE LA REDIRECTION (TERRE)

terra.
Rediriger: ré-orienter quelque chose, le re-placer dans une nouvelle direction.
La redirection ou encore “internalisation” est une phase de conversion de l'attention de l'extérieur vers l'intérieur. On passe de l’emprisonnement dans le “spectacle du monde” à une levée de contrôle qui débloque l’intimité, au risque de toucher le domaine du refoulé. On retourne dans le cocon pour digérer les altérations provoquées par la perception alter et pour le réaménager, le redisposer dans le sens d’une ouverture au “nouveau” qui puisse s’ancrer sur notre base propre. C’est un travail d’assimilation au cours duquel le “germe nouveau” se forme. Un hiver en gestation avant l’avènement de “la nouvelle forme”.

PORTE DE LA PRIMO-PRÉSENCE (FEU)

ignis.
Pas de définition dans le dictionnaire.
La primo-présence, c’est quand le nouveau germe a fini de se planter dans nos chairs et commence à relationner avec son milieu. Son action se met alors en place et amorce la coordination de ce qui doit l’être dans le corps, l’espace et le temps. On “se sent” et on commence à “générer” de l’organisation spatio-temporelle dedans et autour : on entre dans l’action en mouvement. On lie les éléments—à partir du nouveau germe qui, comme un ADN, redéploie toute la logique de l’information nouvelle contenue dedans. Dans cette phase, il y a plus de “présence” que d’intention réelle : tout inconsciemment est déjà là, préparé dans le creuset de l’internalisation précédente.

PORTE DU DEVENIR-CONSCIENT (AIR)

caeli.
Devenir conscient: acquérir une pleine et claire connaissance de ce qu'on fait ou éprouve, de l'existence ou de la réalité de quelque chose.
C’est une phase où il n’y a plus rien à “faire”. Un accueil réceptif, un lâcher-prise attentif qui fait passer d'un mouvement, encore volontaire, de retournement de l'attention, à un mouvement de simple écoute. On n’est plus que le silence, on traverse un temps provisoire de “vide”—sans prise, ni saisie sur quoi que ce soit de disponible, parce que préalablement conscientisé et pré-formulé par notre langage. On est dans l’immédiat de l’ouverture encore non-remplie. Et on est présent à cela. Ce peut être long... On peut même éprouver de la peur (crispation) ou de l’ennui (mollesse). Notre trouble patient ouvre alors la voie à la révélation en nous d’aspects encore inconnus et inouïs du réel : la voie aux nouvelles réalités chaosmiques “vécues”.
Références—librement ici ré-interprétées :
[article] N. Depraz, F. J. Varela & P. Vermersch, “The gesture of awareness: An account of its structural dynamics”, in: M.Velmans (Ed.), Investigating Phenomenal Consciousness, Benjamin Publishers, Amsterdam, 2000.
[livre] N. Depraz, F. J. Varela & P. Vermersch, “On becoming aware. The Pragmatics of Experiencing”, Amsterdam, Benjamins Press, 2003.

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akmi, 18 avril ‘18 - 13h29

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