les “niveaux” en psychanalyse

Vendredi 24 Août 2018
En quoi Le Complexe de l’Arbre est-il un ouvrage psychanalytique ? En quoi la psychanalyse contribue-t-elle à son éclairage ? En complément, ou à l’inverse des autres “lectures” possibles, en quoi le rôle de la psychanalyse est-il ici prééminent, voire exclusif ? En quoi définit-elle particulièrement ce lieu de la Quadris’k’elle—doublement certain et incertain, qu’est l’Oméga au milieu ? En quoi est-ce ici possiblement une “nouvelle psychanalyse” ?

1) un millefeuille abyssal

Plus on descend dans l’inconscient, plus l’amour de l’autre “peut” pour nous.
Plus l’analyse ausculte le terrain, plus elle s’enfonce géologiquement dans les couches superposées de la psyché. Il y a l’histoire dite—spontanément racontée, et puis “les secrets” du dessous, connus et inconnus. D’ailleurs, c’est quand on ne sait pas / plus que tout advient ! C’est quand on laisse glisser le non-sens, quand on laisse s’immiscer la folie, que “le nouveau” se manifeste et réalise le sens suivant—celui de la sous-couche auparavant non encore soupçonnée. Et c’est là que l’on se retrouve rapidement à concaténer les symboliques—leurs ramifications et significations. L’intrication donne le vertige ou la nausée, c’est selon. Il y a un versant de mort et un autre de vie : une manière d’approche toujours honnête—capable d’expliciter l’ombre, autant que l’amour ; le chagrin, autant que la réconciliation ; le néant, autant que l’émergence. Les deux vont ensemble.
Les deux vont ensemble : c’est ceci qu’il y a de gênant, de bousculant... d’insoutenable parfois, voire de transcendant.
Et plus on va dessous, plus les dangers de l’ombre sont nombreux. Pourtant, ce sont des gouffres seulement transitoires, car il suffit de les regarder sans s’affoler pour que déjà leur vérité nous sourie et que leur relativité nous éclaire : ... même la mort sait être tranquille avec “l’être” qu’elle produit. Il n’y a de pire, que l’ombre qui ne se connaît pas. Et QUI pour me “donner connaissance” de mon ombre ? Si ce n’est TOI que j’aime.
Plus on descend dans l’inconscient, plus l’amour de l’autre “peut” pour nous. Il peut nous dire, nous guider dans nos perceptions... nous raffiner dans nos synthèses et nos imaginations. Je te fais confiance, toi que j’aime, et qui amoureusement me violente au coeur de tes propres violences. Quelque chose a à “nous dire”, et se disant, quelque chose a à se dé-dire : un dé-lacement né d’une friction... entre nous—qui “nous disons”, entre nous.
L’ultime couche de nous, c’est l’amour. De celui qui transfigure le râle de mort en cri de naissance ; de celui qui re-nature la relation—d’altérée à vivifiée, de moribonde à vitalisée. Les crans de la profondeur se parcourent lentement, à tâtons, mais aussi à mains nues—sans gants. Il faut dire ce que l’on voit. Il faut lâcher ce que l’on tient. Je m’écoule dans tes mains...

2) un millefeuille jusqu’à l’amour

L’amour au milieu et tout au fond de soi, nous décloisonne des fermetures internes, et nous prolonge dans les liants externes.
Ne pas se méprendre : vivre la profondeur, c’est descendre au coeur de la Lumière, et non au creux de l’ombre. En effet, ce que l’on parcourt s’éclaircit tout au long de la traversée. On emprunte une rivière ; on suit un filon ; on s’engouffre dans une faille... On suit le fil de la “présence”—dégagée progressivement au sein d’une matière devenue de plus en plus lumineuse ! On s’extasie ; on remercie ; on se fond ; on ne s’en remet pas ; on n’est plus tout à fait à force d’être vraiment... L’amour au milieu et tout au fond de soi, nous décloisonne des fermetures internes, et nous prolonge dans les liants externes. “On” ne sait plus où on s’arrête. “On” n’est plus trop bien défini. L’entité en nous-même vibre à l’unisson des autres “émotions” alentours. C’est l’effet de l’amour—dans les entrailles de tout.
Vivre une psychanalyse, c’est avant tout découvrir cette dimension purgative vers le limpide et le sacré. C’est résolument s’embarquer sur le Styx pour y voir s’y dérouler “les scènes” de toutes nos nécessités karmiques : des “tableaux” successifs—à l’épreuve des tentations, des refoulements, des “démons”, autrement dit des “charges survivantes” extrêmes et persistantes, en activité inconsciente bouclée. Au fil de l’eau et dans le fin fond de la visite des oubliettes, libérer !... Libérer en nous tous les rescapés de l’ombre—en mal de regard et de lumière sur eux pour les envelopper, les réparer... les achever. Sur la frêle embarcation, faire monter “tous les souffrants” de soi !... jusqu’à les conduire auprès de leur Source... afin que, réunifiés, ils s’y dissolvent un à un. Un à un, conduire “chacun” à sa Source afin qu’il s’y abreuve et s’y ré-unisse en sa résolution particulière... avant de disparaître en sa nature égarée, et de naître en sa nature éveillée. A sa juste place énergétique—dans l’harmonie exacte de l’entité (humaine) à laquelle il appartient.
Des êtres nous accompagnent durant ce voyage : ce sont “les nôtres” d’ici-bas (et peut-être aussi ceux de “là-bas”). Des êtres qui nous font miroir et qui nous déclenchent comme des fusibles à l’endroit rigoureux de nos maux. Des êtres qui nous font “mal”, parce qu’on en a besoin ; des êtres qui nous ressourcent aussi dès on est prêt et/ou “vide” ; des êtres catalyseurs en tous sens, comme des “soins”. Nous sommes fondamentalement “cela” les uns pour les autres, et nous le valons bien...

3) le millefeuille selon l’Arbre

Ce n’est qu’à force de (se) “créer” que l’on s’en sort vraiment.
L’Arbre, c’est le “module central” du vaisseau-même de l’épopée terrestre. L’Arbre permet de se repérer et de fonctionner. Telle une petite turbine autonome, il nous met “en activité” interne et externe, nous meut et nous anime... sur le Styx.
On peut “le vivre” à un niveau si superficiel que sa structuration-même ne transparaîtra pas, tout aussi bien que l’approfondir de manière passionnelle dans le but, avoué ou non, d’en dégager le diamant—le process : Dieu. On peut vivre juste au niveau des manifestations ambiantes de la matière. Tout comme on peut s’évertuer à plonger, dès qu’on le peut, dans les mouvances du dessous de nos vies sociales apparentes : mouvances psychanalytiques et spirituelles, tensionnelles et alchimiques, archétypiques et civilisationnelles.
Beaucoup de gens, bien entendu, ne vivent que dans le Réel, et ne sont par définition pas conscients de leur “ignorance”. D’autres vivent déjà dans l’Actuel—dans l’immanence donc, mais sans transcendance assumée. Ceux pour qui le Possible existe comme un appel, sont déjà en contact complet avec eux-mêmes. Enfin ceux qui entament une véritable démarche psycho-spirituelle et qui basculent alors dans le Virtuel, sont les seuls véritablement à même de nourrir une “conscience collective” porteuse de germes d’avenir.
En psychanalyse, on peut vivre également l’évidence de ces différents “niveaux”, comme autant de strates successives à franchir pour sans cesse approfondir et élargir davantage sa conscience et sa présence à “ce qui est”—autant phénoménologiquement (dans le possible de l’éprouvé subjectif particulier) qu’ontologiquement (au regard de la Vérité-Qui-Est). Les résistances des patients parfois sont grandes, car l’égo n’apprécie pas la réforme, même douce, des champs affectifs et mentaux. Il lui faut souvent tenir pour “se survivre”. Par peur primitive de “disparaître” bien souvent. Mais l’égo a cet avantage qu’il fait affreusement souffrir la personne—lui ouvrant ainsi la perspective de “ne pas avoir le choix”, et de devoir “travailler à elle-même” pour mieux comprendre ce qu’elle est / qui elle est.
Il est un temps, assez long et fastidieux, où plus on avance dans la découverte de soi, plus le sentiment de s’enfoncer est omniprésent. Ce n’est qu’à force de (se) “créer” que l’on s’en sort vraiment. Créer est une aptitude et une force divines. “Créer” certes au sein de son environnement—en co-création horizontale sur le terrain donc ; mais aussi et surtout co-“créer” en sa verticalité propre—divine donc. ... Car ce n’est en effet qu’à l’intersection de ces deux axes que nous nous rencontrons dans “ce qui est” pour nous totalement, au moment même où “on est”. Ce n’est que là que “ce que nous ne savons pas” surgit et se réalise vraiment pour nous. Ce n’est que là, dans l’axe central, que la Grâce apparaît et se manifeste—au terme d’un entraînement de l’esprit, du corps et du comportement, d’une Rigueur implacable, mais efficiente.

La Quadris'k'elle. (akmi, 2018)

4) les “4 feuilles” de l’Arbre

a) le Réel - la Vie - l’égo

On est dans la matière—c’est-à-dire dans la sensation immédiate, dans la réaction automatique : dans “le cocon”, dirait Chögyam Trungpa. On décharge en permanence un émotionnel entretenu par l’attachement et la frustration. On a des envies et des non-envies qui nous tenaillent : des “j’aime” et des “j’aime pas” qui nous tiraillent. On est malaxé par ces mouvements—ces antagonismes et ces dysharmonies. On n’est qu’un “pion”—sans autonomie (encore moins “créatrice”). Et l’on souffre énormément de tout ce qui ne nous convient pas, nous fait peur ou nous harcèle (de l’intérieur du cocon, en fait).
La créa-thérapie envisage alors de décoller ce qui est englué.
Le patient est identifié à “son ombre”. Il n’imagine même pas que celle-ci puisse exister à un niveau inférieur de lui—celui de sa persona (malade). Ce déni de sa personne en complétude est un “mal” en soi. On se trouve dans une sorte de “sous-humanité”.

b) l’Actuel - le Temps - ce qui porte

A ce stade, on est fluide, synchrone avec l’environnement : on le perçoit et on “fabrique” avec, ce qui dans la foulée, sera. On agence “les mondes” ; on les re-configure avec conscience et créativité. On fait avec “ce qui est” ; on ne cherche pas ce qui n’est pas. En cela, on s’adapte et on innove par la base. La présence à soi est posée là. On est à mi-chemin entre soi et les autres—juste dans l’interface où “faire” est possible. On ne contrarie pas ; on saisit les opportunités qui se dressent ; on les transforme en or. Notre puissance est une force de réalisation contextualisée et adéquate. On passe facilement à l’action.
La créa-thérapie vise alors à donner un sens plus profond au manifesté, et au créé.
Ici aussi, “l’ombre” n’existe pas vraiment en conscience, et il y a comme une sorte de déni de la transcendance. Mais les actes comportent une part naturelle—spontanée et pragmatique, de justesse et d’éveil éthiques. On est dans “l’humanité”.

c) le Possible - le Nouveau - l’alter

Ici, le “sens de l’autre” nous rend déjà palpable toute notre spiritualité. On sait se décentrer de son nombril pour apprécier l’altérité : le nouveau ou l’étranger. On sait capter les mondes subjectifs d’autrui (ses émotions, ses sentiments), et saisir avec finesse ses intentionnalités. On fait montre d’empathie—voire de compassion, si l’on est concerné à soulager la souffrance à laquelle on assiste et avec laquelle on résonne. L’autre, sur le plan horizontal, c’est notre prochain humain... L’Autre, sur le plan vertical, c’est notre invisible divin—angélique en Soi. Les deux sont “absents”, fuyants... et nous font pressentir la nécessité de dimensions “autres” qu’ordinaires.
La psychanalyse s’attache ici à explorer “la relation”—de soi à Soi, au travers de l’autre en soi.
Quelque chose ici se passe qui dépasse le simple monde “visible”. On aime et on est transporté dans une complexité, une subtilité qui nous dépassent. Notre “ombre” existe pour nous quand autrui nous la retourne dans un “co-devenir-conscient”—à deux ou à plusieurs. On explore ce qui se dégage, se désolidarise alors de l’enfermement—du cocon et de la persona : l’Ange en Soi ; une “sur-humanité”.

d) le Virtuel - la Vérité - le chaosmos

Enfin, l’espace... de contemplation, ouvert à ce que l’on ne connaît pas. La Création nous ouvre ses bras, nous prend dedans et nous berce doucement. On en est—patiemment, paisiblement. Patiemment, car pour “en être”—pour en ressentir l’essence, la reliance en soi constamment s’éprouve et se travaille. L’approche psycho-spirituelle en rêve éveillé transpersonnel (RE) permet de conjoindre les schémas et archétypes personnels à ceux plus collectifs, de fusionner et de résoudre les karmas partagés... d’alchimiser les engrammes, de pardonner les offenses et donc de pacifier / neutraliser les humeurs.
La psychanalyse ici canalise les ressources lumineuses—toujours plus grandes et plus profondes de chacun, pour attaquer les causes et les racines de l’incarnation samsarique.
Oui, à ce niveau, on visite bien notre “trans-humanité”. Notre “ombre” karmique justifie qu’on existe, et on l’assume (dans la “connaissance” ou le mystère). On travaille même dessus. A partir d’elle, on prend pied dans la texture qui justifie la Création, et dans le processus génératif qui nous permet de “vivre en permanence” : la transformation de nos incompréhensions (inconscientes) en acceptations (conscientes)—selon l’Ordre Divin.
A quel niveau actif de nous-même envisageons-nous la place efficiente de notre règne au sein de la Création ? Sous-évaluer celui-ci conduira à l’effondrement de notre environnement planétaire.

5) psychanalyse et Oméga

La Vie, dans sa phylogenèse, est la première à “venir de là”.
Oméga est avant tout un “lieu” fusionnant... et confusionnant. Une de ces émergences ou manifestations dont on ne saurait bien définir ce qui les caractérise, ou bien ce qu’il en découle véritablement.
La Vie, dans sa phylogenèse, est la première à “venir de là”. Mais qu’est-ce qui a provoqué la Vie ?... Une infiltration ? Une pénétration ? L’introduction d’une “information vibratoire” dans l’organisation atomique, puis moléculaire ? L’Esprit qui ici s’est exprimé directement dans la matière—tout d’abord “inerte” en son seul déplacement cinétique, puis “animée” en sa mobilité devenue autopoïétique ? (cf. travaux de Francisco Varela)
Oméga est un lieu d’accroche—de vis-à-vis, de parallélisme, ou plutôt de convergence : d’énaction ou de co-générativité entre agents présents. Un univers physique est présent (“on” est fait partie). Mais on oublie aussi trop souvent son “univers-frère”—non-physique et “cosmique” au sens large... immatériel et informationnel (dont “on” fait partie aussi). L’avènement de la sentience dans les règnes animaux, puis celui de la conscience dans le règne humain, réalisent explicitement quelque chose de cette rencontre fraternelle entre polarités—physique et non-physique.
Ces avènements (de ce côté-ci de la Création Physique) singularisent et raffinent ce que l’on peut comprendre de l’émergence et de la complexification des “monades” : des individualités séparées incarnées. Mais de l’autre côté ? dans la Création Non-Physique ?... que se passe-t-il au juste ?... Nos Anges, qui sont-ils ?
Et au centre des deux ?... que nous faut-il “espérer” ? quelle (s)élection ? quel “germe” déjà là pour nous guider, pour nous travailler ? Francisco Varela parle de selfless self (de soi sans soi) : est-ce une piste ? de celles déterminantes pour la compréhension du sens de notre évolution ? Le selfless self est-il central—en Oméga ? De quoi retourne-t-il psychanalytiquement ? De l’unité physique et psychique, nous faudrait-il passer complètement au stade de la dissolution du sens de “soi”—en tant que singleton de sentience et de conscience ? Plus de circonférence ? Plus de monade ? Plus de “un” ?... puisque celui-ci n’existerait pas... puisqu’en fait, le “un” (le soi) ne serait qu’une virtualité mentale reconstituée (the virtual self) : une interface “de fond” pour unifier illusoirement la multiplicité de nos émergences dynamiques “de surface” au sein de nos environnements successifs.
“Je” suis ? “Je” n’est plus ? Le “je qui n’est plus” me manifeste ici ce qu’il me reste du règne de là-bas (où le “je” n’est pas) ? Et les deux ensemble, cela donne quoi ? Car du point de vue de la psychanalyse, si le “je”, c’est l’ego, qu’est-ce que l’entre deux ? Ce nouvel équilibre, si subtil (à venir ?), quelles nouvelles normes physiques et psychiques développe(ra)-t-il ? Quelles nouvelles spécificités et capacités ?... celles de notre trans-humanité ?

6) “l’un” qui n’existe, ni ne meurt

L’Oméga est d’Amour.
Si plus on descend dans l’inconscient et plus l’autre est présent, c’est que dans l’inconscient les frontières s’affinent et les échanges s’intensifient. Notre inconscient est poreux : il est constitué de toutes sortes de “choses” qui nous appartiennent directement—ou pas. Les circulations y sont plus fluides et par conséquent plus dangereuses. Le mental, plus rigide, n’y peut rien ; il ne peut que filtrer ce qui remonte en surface—très partiel par rapport à ce qui se joue au fond.
Tout au fond, le “je” n’existe en fait pas. Le “je” n’est constitué par sa traçabilité propre qu’à des niveaux plus externes de lui (karmiques). En interne extrême, il n’y a—en lieu et place de “lui”—que l’amour et donc que l’altérité aimée. Car à ce niveau-là, “ce qui ne meurt jamais”, c’est l’amour—le lien entre les aimants et les aimés.
Ce qui nous fait “ne plus exister”, c’est l’amour : le liant dynamique incessamment changeant avec ce qui nous co-anime depuis le néant—le sans fondement. Ce qui nous fait aussi “ne jamais mourir”, c’est également l’amour—qui lui se maintient dans le fond insondable de sa nature propre, et que l’on devient.
Dans le fond de l’inconscient—que l’on rejoint en RE, tout cela “se passe”, se découvre et s’apprécie. On y apprend “le monde” plus riche, plus grand, plus généreux... plus “juste” aussi. Plus juste, parce que sans doute plus complet et plus vrai.
L’Oméga est d’Amour. Nous y sommes—”survivants” à partir de nos liens d’amour. Nous y descendons chaque fois que “nous aimons”. Chaque fois que nous aimons jusque dans nos chairs—qui se transforment dans l’amour, ses ondes, ses crampes et ses tourbillons.
La psychanalyse en cela, est un geste, une attention / intention d’amour envers soi, et envers l’autre en soi. On s’y retrouve “tout autrement”—régénéré différemment, altérisé immensément. L’Amour au fond de soi est un lac géant—inconscient, supra-conscient même. Il abrite notre éternité sans qu’on n’y soit plus vraiment en tant que “soi”. Notre identité n’y est pas “fermée” par nécessité de se préserver ; notre altérité compose le noyau de notre endurance—qui perdure d’allégresse dans un sens universel nouveau. Le Tout ici est en ordre. Et “le petit-nôtre” (de Tout) s’y relie. C’est cela que C. G. Jung a baptisé le Soi.
La psychanalyse nous fait rejoindre la perception de “notre règne” véritable—en ce que nous n’existons, pas plus que nous ne mourons, en notre Soi.

akmi, 24-25-26 août ‘18
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Ce rapprochement de l'Arbre (et de ses atomes) avec ce que j'ai appelé ici les "niveaux" de la psychanalyse est le premier du genre. Il en ressort pour moi une représentation nouvelle des strates et agencements de la psyché universelle, et de son rapport à la matière.
La Lumière psychique informationnelle entre en rapport avec la matière dans un jeu d'ombres et ignorances très typique de ce qui se parcourt en psychanalyse. A l'interface des deux, les idées, les images, les sentiments, les émotions, les énergies et les sensations—tous interconnectés, sont de puissants médiums d'accompagnement dans l'expression du voyage singulier entrepris par le patient. Le millefeuille du corps_mental lié au corps émotionnel est un allié—pour peu qu'on l'utilise comme un instrument, une boussole-de-guidance qui nous éclaire sur "ce qui se passe" dans l'instant. Tous le chemins de travail transpersonnel conduiront à une forme de Lumière incarnée dans les corps de la matière.
Le ressenti d'Amour dans la Profondeur fait partie de ces émergences du Bien et du Vrai en soi (le Soi). Ce ressenti est un port depuis lequel partir en quête de climats inconnus au grand large des océans : les "monstres" des flots ne sont connus que des aventuriers courageux qui ont le cran de se confronter à "ce qui est" de plus énorme et de plus travesti en eux. L'Ombre de soi est un monstre haineux parce que la réaction à la souffrance l'y a conduit. La souffrance ne se fabrique qu'à partir d'un égo durci, aussi lourd que le plomb. On naît plus ou moins karmiquement avec. Aller voir l'histoire qui l'a solidifié autour de lui-même constitue le fil du voyage. Incompréhensions, inacceptations, refoulements, déviances,... de ce qui s'est au départ "mal embranché", sont le lot des paysages horrifiques traversés depuis la Conscience (et l'Amour) de celui qui chemine, qui accueille, catharsise, alchimise et finalement apaise. Car chaque tableau de soi n'est qu'éphémère... et progressivement, la météo se stabilise—vue et appréciée depuis un "niveau" où elle n'est que relative. L'égo petit-à-petit se dégonfle, s'allège et même se dissout ! Et le "beau temps" alors se manifeste—pas naïf, inconscient ou impuissant, pas coupé de la surface encore agitée, seulement "majeur" en profondeur.
Tel est "le récit" sous-jacent à ce texte—de fondement, pour la jeune psychanalyste que je suis.

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