les risques de l’équilibre

Mercredi 26 Septembre 2018
Je suis la première à prôner l’équilibre d’une “voie du milieu” : l’Oméga. Mais si je remettais un peu en cause cela... Si je le problématisais de manière à en concevoir les écueils, les limites, les manques, les risques de blocage, de durcissement et, au final, d’appauvrissement ? Etre constant dans la sagesse sans être “fou” des fois, est-il sage vraiment ?
J’aurais tout aussi bien pu appeler mon texte “Les avantages du déséquilibre”. Pour que “la sagesse” supposée ne passe pas pour de la réserve, de la retenue, de la pudibonderie, voire de la tétanie. Les avantages du déséquilibre sont la souplesse et la liberté. Le déséquilibre implique une polarisation de qualités qui ensemble dialoguent : une pierre et une plume, par exemple, et créent un mouvement, une inscription, une histoire, un récit dans l’espace et le temps. L’équilibre au sens étroit, s’il est réduit à la pierre de soutien des deux ludions, se rassemble en une masse—unique résolution fermée, médiane d’elle-même. L’équilibre au sens large alors, serait—comme sur cette photo, l’assemble systémique ouverte des trois.


Si l’on admet que l’équilibre bénéfique (dit “large”) est relationnel, il faut le penser élastique entre plusieurs agents ; le penser dans une mise en présence enactive sans cesse mise en danger ; le penser comme une instabilité circonscrite à l’intérieur d’un ensemble aux multiples états. “L’équilibre large” épouse une palette d’états—aux probabilités d’existence proportionnelles au nombre d’agents. De cela ressort une garantie précieuse : celle, je le disais, de la possible mise en relation de tout avec tout. Sans relation(s), le singleton agonise dans le non-espace—qui détermine aussi comme l’arrêt du temps.
Si je m’essayais à décrire cette agonie... c’est un peu comme si je m’appliquais à envisager celle en amont de l’Origine Relationnelle. Quand tout était “Un”. C’est irreprésentable, car “chez nous”, tout est salutairement séparé. Et c’est bien que cela le soit... pour permettre à “tout cela” de relationner dans un chaos fécond—parce que synchronique aussi. L’émergence de quoi que ce soit n’est en effet le fruit que d’un équilibre relationnel à dynamique synchronique. La synchronie rythme la Vie. Les unités ou éléments en présence se synchronisent dans un équilibre émergent, producteur de nouvelles unités-éléments. L’équilibre quand il est dynamique est donc toujours “créateur” de l’état suivant. Créateur.
L’équilibre non-dynamique se stérilise lui-même. C’est pourquoi le rechercher en toute circonstance fait surgir le spectre d’une stabilisation poussant jusqu’à l’arrêt, jusqu’à la mort en fait. La mort nous donne à voir un état d’équilibre apparent—dont on a retiré toute la dynamique (vivante). Mais la mort est en fait un état de séparation supplémentaire : celle de l’âme et du corps ; donc un état de parfait déséquilibre entre deux agents—à échelle plus haute et plus vaste (du point de vue de l’âme). Est-il possible que les deux (âme et corps) cessent de relationner ? Si le corps se décompose et redevient poussière, est-il possible que l’âme karmiquement fasse métaphoriquement “de même” ? Oui, je le crois. Mais les éléments de la terre et les éléments de l’éther continuent de relationner, pour (avec ce qui reste) se reformer en une nouvelle combinaison psychique et organique : c’est cela l’incarnation—des bribes de karma usagé ré-associées aux cellules de l’embryogenèse. Impossible donc d’échapper à l’équilibre dynamique qui n’a de cesse de re-configurer les états de l’information et de la matière. Impossible de se rassembler définitivement à l’état immuable de pierre. “L’équilibre étroit” n’existe donc pas ? ??
Si, comme une image de soi. Une peur plaquée—revenant à voiler notre “nature 1ère”. Une image lourde de soi—arrêtée. Un plan engourdi, ralenti... presque figé. Un retrait de soi dans un “état” primitif passif, attentiste, quasi inconscient. Un entre-deux comme un coma. En fait, un refus de soi. Cet équilibre-là (faux équilibre) est un suicide. On a peut-être tous un jour connu cela ?
L’équilibre (le vrai), c’est la vie... en triangulaire relationnelle. Les perturbations qui ne manqueront pas, venant constamment r-éveiller la nécessité d’un équilibre polymorphe temporaire. C’est la relation au Temps qui finalement est visée : se sent-on, avec lui, d’évoluer ? Se sent-on, avec lui, de (se) travailler ? Se sent-on, avec lui, de “ne pas savoir” aussi ?... puisque le Nouveau apparaît sans cesse, transformant les archétypes mentaux et les apparences organiques. Et que l’on ne sait bien à chaque instant quelle émergence “nouvelle” va surgir ?
C’est essoufflant. D’où le risque d’un équilibre à plus bas régime—qui frôle et l’étroitesse, et l’arrêt.
Attention à moi. A toi... moins que moi .)

akmi, 26 sept. ‘18 - 10h46

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