l’expression de la céphalée

Mercredi 14 Novembre 2018
J’ai une céphalée qui s’exprime : elle me délivre le vireux de la vie. C’est bon qu’elle soit là, car sinon, quelque chose d’évident ne se manifesterait pas : le poison qui délite la vie—l’absence de joie. Ma joie, c’est quand je glisse dans des situations où l’autre se sent bien aussi. Ma joie, éventuellement, c’est quand ma présence éveille l’autre à une “tonicité” en lui—un désir, une exaltation, une curiosité, une envie. Ma joie, ce doit être quand “j’allume l’autre” à l’endroit de sa narration à lui, dans l’en-cours de ses résolutions, dans la dynamique de ses visions et de ses projets. Et quand je peux aussi en faire autant ! Cela s’appelle la synchronie inter-individuelle.

La céphalée, c’est précisément l’absence de synchronie inter-individuelle—qui préside au défaut couplé de l’absence de synchronie intra-individuelle “corps-esprit”.

Quand je ne me synchronise pas avec l’autre, je me désorganise intérieurement, et mon corps encaisse, emmagasine et/ou remarque et exprime ! Mes céphalées sont des relents de relations “mal prises”, dés-harmonisées, contre la vie—le vivant. Aller à l’encontre du vivant, c’est refuser la part de tendresse fondamentale que l’on peut tous se donner ; c’est ne pas gommer les trop-attendus déçus—au profit des petits-rien gracieux, audacieux et/ou silencieux. Je me rapproche d’eux pourtant... Je m’en veux même de ne pas être plus “vivante” en eux—les rien qui font du bien, qui s’agrègent et produisent des “Tous” émergents fascinants. Mais il en faut des “rien”, en nombre puissant, pour faire se lever “le Tout” paresseux, langoureux—qui a oublié d’être amoureux !
Je ne me relève de rien ; je passe néanmoins partout. Mon amour avec moi, je résorbe constamment “mes misères”. Car la seule synchronie fondamentale, c’est l’Amour ! : celui qui nous permet de nous épanouir dans un contexte de confiance intérieure—non pas parce qu’on est, et/ou qu’on se sent “aimé”, mais bien parce qu’on est capable de “le” donner. ... L’amour que l’on donne ne se perd jamais ; il nous environne, telle une bouée de survie—qui redonne son souffle aux créatures que l’on croise ou rencontre. Je vis dans ma bouée de survie : je vis dans mon amour—sans cible, sans condition, sans origine, ni finalité : juste pour maintenant, me permettre de faire mon pas en avant... Me le rendre possible et agréable, doux et fécond (car la terre de l’amour est plus fertile qu’aucune autre).
Mes céphalées sont-elles le signe que je ne m’en donne pas assez ?... d’amour. Que je bute sur l’écueil de la non-communicabilité inter-individuelle—venant juste dénoncer en moi-même un sentiment de forte étanchéité individuelle ? Ce qui déclenche ma céphalée serait-ce alors cette illusion qui me pousse à me sentir isolé(e)—comme égotiquement centralisé(e), comme renforcé(e) dans l’image de “l’agent autonome” que je suis pourtant. Autonome, je le suis ; mais interdépendante, et de ce fait impermanente, je le suis aussi. C’est de là que je mesure la qualité de mon “savoir-être” dans le sans-fondement et la vacuité. Si je chute de là—de ce vol-là, je me brise en moi-même dans un échauffement ultra-condensé, infra-écroulé, méga-saturé. D’où la céphalée.


Mon corps est ma boussole : il me guide dans les nuances de ma vie, les boucles—dont on ne sait souvent si elles nous donnent raison ou tord, puisqu’on ne sait bien comment “elles vont”, ni comment “elles y vont”. L’Amour se tortille souvent en une suite distordante—qui ruine nos capacités de perspective et de prédiction. Alors à quoi bon ? A quoi bon penser que “l’on peut” quelque chose de bon pour notre vie ou pour la vie en général ? On n’a le pouvoir sur rien—si ce n’est sur l’accroche primordiale et légère au temps vivant. Trop “créatrice” (de moi-même), souvent je surfe mal : les vents externes me contrarient, les courants internes me déroutent. J’en perds le souffle—la synchronie. Trop “créatrice” (de moi-même), je bloque et/ou restreins ce qui du dehors, en résonance avec le dedans, pourrait me porter facilement. On naît de la sorte. On le voit, on le sait ; et parfois même “on ne fonctionne plus”—tout en le voyant, tout en le sachant. Alors on s’énerve sur soi, tant est si bien qu’on oublie le coussin : ce laboratoire de soi dans sa relation au monde, pour se réajuster—comme un petit train à sa crémaillère par forte montée. La crémaillère en montagne est lente et puissante, mais il faut rigoureusement l’accrocher, la serrer. Mon crampon est actif en moi. Petit à petit, je me sens me dégager... d’une “création de moi” sans doute très auto-centrée—jusqu’à en devenir égotique, pour me fondre dans une “création d’autour de moi” plus vaporeuse—ultimement altruiste (au sens d’une “création collective”—énactive—émergente et non-duelle, à la fois située et diffuse). C’est un cap... ce qui se vit ici en moi.

Pouvez-vous me dire, vous lecteurs, s’il vous arrive d’interpréter vos céphalées de la sorte ? si le sens que vous donnez à votre “évolution de vie” vient épouser ce qui est décrit ici ? :)

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akmi, 14 nov. ‘18 - 16h11

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