peur et excès

Mardi 25 Septembre 2018
En quoi, dans sa très folle sagesse, l’émotion de la peur nous guide-t-elle vers l’excès ? Peut-on a postériori apprendre quelque chose de cet excès ? Et le configurer en cristal de pré-connaissance pour l’avenir ? De quoi est-ce que je parle ?
Ma peur me fait focaliser sur ce que “je peux” dans un effort de condensation extrême. Ce noeud que je crée étrangle le flux anamorphique de ma relation à l’environnement. Il s’ensuit une fuite en avant—une extase solitaire filant toujours plus loin pour échapper à toute appréciation, à toute dégradation. Voilà mon excès.
Si j’apprends quelque chose de cela, c’est que la stérilité finit toujours par éteindre sa propre mèche. Pourtant l’expérience est grisante. Elle révèle ce que “l’on peut” isolément : en ADN cosmique pur, quand on ne se parle rien qu’à soi—dans un espace plus ou moins sur-mentalisé, émetteur de voix. Pourtant l’expérience est nourrissante... pour dégainer en soi la Flèche atteignant directement la cible chimérique d’un Soi encore incertain. On se cherche ; et on ne se trouve pas. Puisque l’autre n’est pas là. C’est bon de le savoir ainsi. C’est sain de l’éprouver ainsi.


Il est des êtres qui ne fonctionnent que les uns au travers des autres. Et d’autres qui s’attardent en eux-mêmes pour savoir “qui ils sont”. Je fais partie de ceux-là... Et mon no-man’s land est à la mesure... et de la peur et de l’excès. Cela ne me rend pas moins sympathique... Cela seulement accroche dans l’en cours des respirations. Dans la peur et l’excès se génère la tension : la suspension (du souffle), la rétention (de la salive), la blancheur (de la voix), la fadeur (du propos),... On n’existe pas. On n’est pas “juste à l’endroit”.
Alors, dans le meilleur des cas, on revient à soi. Et on se découvre dynamiquement tout distendu, intentionnellement tout déconvenu, relationnellement tout décousu. Plus rien, aucun rouage, ne se trouve en bon ordre mobilisé. Le système a littéralement “éclaté”.
Cela va de soi. C’est dans l’ordre des choses. On va se coucher. ... On attend ; au mieux, on se distrait. Pour tendre à s’humaniser, on choisit un fil rouge de vie, et on se l’enroule en mille boucles dans la tête. Pourquoi ce réflexe d’humanisation ? Par ce que dans la peur et l’excès, il n’y a ni intention, ni relation : ni fragilité, ni écoute, ni coeur, ni humanité. On ne sait plus interagir ; on ne fait plus qu’automatiquement dérouler un plan.
Le Cinéma a ceci de bon, qu’il nous ramène aux essentiels de nos besoins physiques, affectifs et subliminaux. J’en use comme d’un remède. Pour apprendre de mon expérience de peur et d’excès : pour la dépasser non sans en avoir extrait “le nectar”. Quel est ce nectar ?... Sans doute dans le constat que l’humanité est là... même quand elle n’y est pas. Que le durcissement est une forme d’alchimie transitoire manifestant des besoins profonds ; et que ces besoins inconditionnellement me relient aux autres ; car à quoi bon vivre “sa perfection” si elle ne pénètre, ni ne touche, ni même ne concerne aucun autre ?
La Communion est l’une des dimensions noosphériques qui m’affecte tout particulièrement : si je ne parviens à résonner parmi les autres, cela sonne faux. Pourtant, il faut aussi reconnaître, que certaines initiations ne valent que pour soi-même. Là, on entre dans le paradoxe des ésotérismes : souvent connaissants, mais dans une forme hermétique au plus commun des gens. Ne nous faut-il pas alors savoir évoquer, suggérer, laisser intuitionner, imaginer. N’est-ce pas aussi un rôle merveilleux que celui-là ? Un rôle sans peur, ni excès. Un rôle de contenance et de retrait, d’accueil et de silence, de présence et d’absence. ...
Pas d’extase sans communion. Pas de communion sans attention, sans adaptation, sans fréquentation, sans adéquation. Sans congruence “intérieur / extérieur” ; sans épousement formel. C’est un Art intermédiaire—nécessaire pour que nos émergences synchrones, à tous et à chacun, puissent percevoir le Nouveau et le répercuter dans une mouvance d’ensemble. Car qu’est-ce que l’intensité sans l’amplitude ?.. .... .

akmi, 25 sept. ‘18 - 17h24

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