qu’est-ce que “revenir à soi” ?


Vendredi 4 Mai 2018
Nous ouvrons finalement un volet de l’Arbre à orientation “éco-psychologique”. ...
Si “revenir à soi” est le besoin du monde, attention, il ne s’agit pas de revenir au “réel” (à l’ego), mais bien à “l’actuel” (à la synchronisation intime—clé de descente de l’existentiel en soi). Car si “l’homme au monde” est séparé de sa souche originelle, environnementale et spirituelle, c’est bien elle qu’il lui faut reconnecter ; et ce, sur les deux plans : horizontal—altruiste et vertical—chaosmique.
Quand je me situe dans le “réel”, mon ego me chauffe et m’effondre : je ne filtre le monde que par la conscience que j’ai de moi, de mes besoins, de mes appréhensions—dans le tiraillement de mes désirs et de mes peurs. Mon cocon réactif est si étroitement ficelé en moi que je me cloue sur place au pilori complaisant de “mes états”. Je suis tout—sauf le monde. Or, je peux être “le monde”. ... Si je me centre, me verticalise différemment : si je renverse le sablier des valeurs et le désaxe de mon trop beau nombril—stérile. Si je m’éprouve et me mentalise comme partie du Tout—à la croisée enactive de moi et d’autrui, de l’homme et du Divin. Si je me place à l’endroit de l’homme—et non tout à fait de moi-même. Si j’envisage “ma mission” à l’échelle de celle—collective, de l’homme, et non seulement à celle—individuelle, de moi-même. Si je me positionne enfin, fait(e) d’une chaire (yin)—parfaitement “androgyne”, face à un Divin (yang)—parfaitement remplissant.
Se relier à son “yin” réceptif : son ressenti, ses émotions, ses sentiments, ses intuitions,... “son amour” pour le monde en somme, ce n’est pas non plus s’enfermer dedans. C’est l’ouvrir à la résonance créatrice autour. Celle des autres humains—qui sont comme nous-mêmes ; celle de la Nature (les minéraux, les végétaux, les animaux)—que nous sommes nous-mêmes ; celle de nos Anges—ces énergies mixtes qui nous cherchent tant, qui se plient vers nous... avec tant de respect pour notre liberté et de sollicitude pour nos combats. En retour, notre empathie n’a d’équivalent et de préalable que notre connaissance de nous-mêmes. Car c’est en soi (dans “ses répertoires” à soi) que l’on accueille la nature de l’autre, qu’on la traite, qu’on la laisse émerger... pour la comprendre / l’interpréter, pour l’analyser / la conscientiser : et ensuite la porter, la magnifier, ou bien la blâmer, la corriger.
Or l’hypertrophie rationnelle du sociétal ne nous permet pas cela. Coupée de l’intelligibilité fondamentale de la vie, la société avance bouclée sur elle-même dans la négation de ses racines et de son environnement—qui, lui, tente de les préserver. Les pseudo-raisonnements de ses élites ne la conduisent qu’à une course-poursuite technologique—celle de l’externalisation machinique (le Possible), via l’idée de “progrès”, de “croissance”,... Mais où se situe le “bien-être” pour l’humain ? Si ce n’est en lui-même, dans son “corps vécu” (“lived body”)—dont chaque cellule concourt au développement expérientiel vivant, et au sens de celui-ci. L’humain aura beau se mirer dans la technologie, il lui faudra revenir “à lui-même”, c’est-à-dire aux lois de la Vie et du Vivant : aux principes d’internalisation cellulaire des en-cours psychiques (en état de “choc” souvent).
Mais si, à ce stade de croissance planétaire, la “perte de soi” peut être grande et préoccupante, la récupération de l’entièreté de soi est bienheureusement tout aussi envisageable : sur un coussin (de méditation). A l’endroit de la re-synchronisation—à partir de l’arrêt, du décrochement d’avec tout. A partir d’un “stop” fondamental et bienveillant, qui nous dit : “regarde-toi dedans” ; mais “regarde-toi “entier”—au fil de tes flux, et des échanges multi-niveaux de toi ; au fil de ta présence et de ta relation avec ce qui existe vraiment pour toi, et qui n’existe pas qu’en toi” ; et “re-synchronise-toi là, à cela”. La connaissance de soi, c’est cela. C’est quand on est (capable d’être) “avec”—à la lisière, la frontière, de ce qui nous appartient et de ce qui nous échappe, nous reflète et nous défigure. ... C’est une simultanéité d’états qui nous rend plus vastes que le seul petit “soi”—à l’ego-centre boudeur, vengeur, tueur (de l’autre et de nous-mêmes).
Revenir à “la vie” en soi, et à ses perspectives. Et non “se séparer” dans les mirages de la seule tête, la seule cérébralité ou dans ceux de l’artefact-miracle, l’objet-techno miroitant. Se servir du tableau noir aux belles écritures mathématiques, pour “se suspendre” de notre ignorance cosmique et ré-incorporer la connaissance, laborieusement piochée, dans nos dimensions intra-personnelles charnelles—celles logées au plus proche de “l’être” finalement. Car là est le paradoxe apparent ; car là se trouve la jointure, le bouclage d’une loop à proximité invisible : celle de tout l’être qui se (re)configure au fil de son introduction dans la forme physique et sensitive... du corps.
A ne pas oublier, surtout. 🙏

akmi, 4 mai ‘18 - 14h19

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