qu’est-ce qu’une “Alys” ?

Vendredi 8 Décembre 2017

Qu’est-ce qu’une “Alys” ?

Une manifestation en voie du milieu—qui atteint “la cible”.
— Que serait “ce qui n’atteint pas la cible” ? “Ce qui n’atteint pas la cible” s’énonce HAMARTIA, du grec hamartánô (“manquer la cible”). Et HAMARTIA se traduit par : faute, erreur, péché. “Ce qui n’atteint pas la cible” est en fait le péché. “Ce qui atteint la cible” serait donc le “sans péché” ?
— Qu’est-ce que “la cible” ? “La cible”, on ne la connaît définitivement pas. Mais, si on ne présume nullement de sa manifestation physique, de son aspect formel, on pressent qu’elle s’accomplira dans l’équilibre énergétique au sein des polarités universelles -- dont la principale est celle du féminin et du masculin, du yin et du yang.
— En ce jour du 8 décembre, fête de l’Immaculée Conception (de celle née “sans péché” et qui “atteint donc la cible”), nous repérons Alys dans l’Histoire sous forme de toutes celles qui ont oeuvré à cette co-révélation en voie du milieu : celles qui ont éclairé, au fil de leur vie et/ou de leurs travaux, cette co-générativité entre la voie incarnée (yin) -- celle “mystique” des réalités corporelles transfigurées, et la voie abstraite (yang) -- celle “intellectuelle”, des mathématiques ou de la philosophie.

Qui, au fil des siècles, peut notamment incarner cette “Alys” à l’oeuvre dans “la phénoménologie relationnelle” ?

Edith Stein, 1936.
Edith Stein (1891 - 1942) ou la co-émergence empathique des “personnes”.
Edith Stein est une philosophe et théologienne allemande d’origine juive devenue religieuse carmélite.
Étudiante en philosophie, elle est la première femme à présenter une thèse dans cette discipline en Allemagne (sur la thématique de l’empathie—die Einfühlung), puis continue sa carrière en tant que collaboratrice du philosophe allemand Edmund Husserl, le fondateur de la phénoménologie.
Une longue évolution intellectuelle et spirituelle la conduit de l’athéisme au catholicisme, auquel elle se convertit en 1921. Elle enseigne alors et donne des conférences en Allemagne, développant une “théologie de la femme”, ainsi qu'une analyse de la philosophie de Thomas d’Aquin et de la phénoménologie.
Interdite d'enseignement par le régime national-socialiste, elle demande à entrer au Carmel, où elle devient religieuse sous le nom de Sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix. Arrêtée par la SS, elle est déportée et meurt “pour son peuple” à Auschwitz en 1942.
Elle est canonisée par le pape Jean-Paul II en 1998.

N’étant pas spécialiste des écrits d’Edith Stein autour de l’Einfühlung—l’empathie, ou encore l’intersubjectivité, j'évoquerai ici librement ce que j'ai compris des intentions de cette auteure... à l’intérieur d’un cadre, à la fois plus précis et plus vaste : celui des neurosciences de l’empathie—avec un “modèle d’architecture” proposé en 2004 par le Dr Jean Decety de l’Université de Chicago. Lequel modèle n’est pas sans rappeler celui de l’Arbre Relationnel (2001-2002, dans sa version “cognitive”).

Edith Stein.
Visionnaire Edith Stein ? Oui, dans sa manière “à la fois théorique et spirituelle, de se tourner d’emblée vers l’énigme la plus profonde dans l’être de l’homme—celle de la rencontre qui fait de l’être humain, individu absolument unique, un “co-existant” appelé à la communauté de la vie et du monde partagés”.
Sa thèse de 1916, conduite sous la direction d’Edmund Husserl, et récemment re-publiée au Cerf sous son titre originel : Le Problème de l'empathie, pose la question de la possibilité—ou non, de “mondes réellement partagés” et consécutivement, celle de la nature des émergences “chez soi” et “chez autrui” suite à une rencontre commune. En quoi s’affecte-t-on mutuellement ? Et en quoi nous est-il possible de “nous connecter” aux diversités du monde, sans en avoir l’expérience directe, simplement par le biais de l’autre—par ce que j’appelle volontiers la “co-maternité humaine” ?
L’empathie, selon Edith Stein : “Une expérience sui generis, l’expérience de l'état de conscience [et de sentience] d'autrui en général (…) L'expérience qu'un moi en général a d'un autre moi semblable à celui-ci”. Ma propre approche en sciences cognitives m’a amenée à une véritable contemplation de ce ballet qu’est l’empathie—autant dans sa ronde à deux, que dans l’empreinte particulière en chacun ; autant dans l’opacité irréductible de chaque expérience, que dans l’accès à l’universalité pour tous les agents inter-reliés et communicants.
Sommes-nous des êtres clos en nous-mêmes, seulement interprétatifs et/ou délirants ? Ou pouvons-nous sentir le soutien et le bienfondé de l’ouverture empathique fondamentale ? Quel risque prend-t-on à lancer ce “petit moteur” ?... Celui de se perdre, de se diluer ou de “s’altériser” en un sens qu’on ne voudrait pas ? Mais quel risque court-on aussi vraiment à s’emmurer dans ce à quoi “on s’identifie” à tort ?
Alys, en sa voie du milieu, est en nous l’aptitude à s’hyper-singulariser dans nos propres “faire-mondes”, tout en accédant à un panel phénoménologique de plus en plus universel—même si, en soi, on n’a pas été confronté directement à toutes les situations perceptives en jeu. 
Nuage de mots. #empathie #cognitionsociale
Comment ? Je ne développerai pas ici “l’Arbre” dans le détail de ses dimensions empathiques—à la fois affectives et cognitives, de la régulation émotionnelle ou de la distinction “soi-autrui” (cf. “Déclenchement de l’Autre en soi”).
Ce que j’en résumerai me semble par contre “proche” de ce qu’Edith Stein défendait à son époque (même si les terminologies ici s’embrouillent...), car l’universalité ontologique, transcendantale, nous est commune.

Un des symboles de l'empathie.
1— On ne perçoit l’autre qu’au coeur de soi-même -- via son empreinte-racine propre ;

2— On ne se perçoit soi-même qu’aux limites de l’autre -- à partir de là où il “bloque” ;

3— Par “les mondes” de l’autre -- que l’on perçoit en soi parce qu’ils y sont déjà via des bribes de mémoire, ou que l’on reconstitue a postériori via des élans d’imagination et/ou de simulation -- on élargit “son propre vécu connu” en le croisant, en le tressant avec “ce que l’on ne connaît pas encore”. Et par là, on se rapproche d’une vue graduellement holistique.

4— Par “les mondes” de l’autre, on resserre aussi “son identité propre” en la nourrissant de subtilités nouvelles, en lui donnant un grain plus fin,... En un mot, en la dotant d’une acuité et d’une intuition mieux aptes à traduire et à construire “ce qui fera oeuvre” par elle.

La "co-maternité humaine" au service de la planète.
5— En se montrant “altruiste”, pro-social, compassionnel,... en prenant soin de l’autre, c’est en fait de notre “environnement propre” que l’on s’occupe... de notre terre, pour pouvoir y évoluer de manière co-créative et féconde.

6— Ainsi peut-on partiellement accéder à une Vérité Existentielle (chère à Edith Stein), selon un angle tout à fait spécifique et unique. ...

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