rafraîchir l’instant...

Dimanche 8 Juillet 2018
La vie, la vivre, c’est rester “frais”. C’est intensifier “les perles” en chaque superstructure du présent. “Les perles” sont des bulles de cohérence, des “faire monde” fugaces et éphémères qui se manifestent comme la brèche ou l’éclair. Les perles sont des flashs à haute teneur synchronistique. Les perles sont des glaçons de fraîcheur—chaque fois toutes neuves, vives et directes, spontanées et authentiques ! Les perles sont des configurations du moment où “tout s’enclenche” de manière à advenir, à s’épanouir dans le moment suivant : il y a une traçabilité dans la réalisation, dans l’éclosion, dans le “venir au monde”... Il y a un relâchement, une fin de tension, un abandon... On se laisse “porter” enfin après avoir “oeuvré” serré, raffiné, élevé. Quelque chose s’ouvre et se révèle ; il n’y a plus qu’à détendre pour que “cela sorte”.
Rafraîchir l’instant, c’est aussi l’éclater comme cette bulle—qui après avoir gonflé, s’avachit dans un délice. C’est saisir la seconde propice au jaillissement ; c’est respirer... jusqu’à souffler, soupirer... se reposer. C’est accaparer la seconde d’avant pour l’accompagner dans l’ouverture de celle d’après : un champ “nouveau”—jamais vu, jamais connu, ni parcouru, ni rebattu ; un champ dont l’espace géant commence par nous apaiser, nous soulager, nous assouvir, nous consoler, et même nous guérir,... Encore un bout de chemin face à nous—renouvelé dans le temps ; encore de l’espace-temps—neuf ! pour explorer et bouger transversalement dedans.

"La vieille mère". (argile et travail photo - akmi, juin '18)

Ma maternité d’amour est toute sombre, recroquevillée sur son enfant. L’espace autour s’en trouve étroit et fermé. Le soin est grand, mais la souffrance et l’attachement encore plus ! “Ma maternité” ne voit pas l’avenir profond ; elle rétracte ses sens, les rétrojecte sans éveil, ni espérance. Agrippée, elle semble “punie”. L’instant est étouffant et mort—au sens “fini”. Quelle tristesse de la contempler ainsi... Elle sait bien que son coeur ici n’est pas relié et qu’il s’épuise à force de se contracter. L’enfant triste et apeuré se blottit dans la gangue du malheur pour lui. Il sent “la pierre” en lui... La pierre que lui communique “sa vieille” aux tréfonds de lui. L’enfant doit redevenir frais : quitter les bras de sa vieille, ou bien entreprendre de la rajeunir ! de lui redonner le sourire, la grâce et l’accueil heureux. Mais qu’a-t-elle donc ?... pour subir ce voile chargé d’ombres et de poussières. Comment la faire respirer ? L’enfant dans le processus est coincé. Il sait “le frais” ; il le connaît et l’aspire. Mais “sa vieille” l’empêche et le retient, quitte à l’effondrer... du moment qu’elle le tient. Sont-ils deux ou Un ? Lui faut-il “tuer” la mère... en ce qu’elle incarne de mensonge, d’illusion et de fausseté ? Ou lui faut-il en respecter la “graine de vie” ? en en espérant la douce et radicale transformation ?
C’est la situation : l’enfant sait ; mais l’enfant ne peut naître... d’une “vieille” acariâtre aux mains sèches et aux seins vides. Comment ainsi se laisser abîmer ? Mais l’enfant peut-il agir sans mère ? ?.. . Doit-il inclure la vieille avec lui en un “duo” ? Ou lui faut-il s’en extraire ?...
La vieille est en moi : dois-je la tuer en tant que “vieille” pour renaître à mon enfant libéré ? Une mise à mort lente et annoncée...
Ce qui doit mourir le doit. Les mères sont éphémères aussi... surtout quand on les clone en soi. L’instant frais est le suivant—celui qui se relie aux possibles, à l’éternelle genèse. Là est la Vérité. Et une mère corrompue a-t-elle plus de valeur que la Vérité ? Je romps l’attachement à la mère ; je m’engage dans la voie de la clarté—de la fraîcheur incessamment renouvelée. Ma mère intérieure, je vais la réparer, dans l’abstraction du lien réel. Je veux une mère “fraîche”... aimant la vie, son potentiel et ses imperfections. Sans acharnement en détestation. Je veux un Yin frais—vif, actif, agile, souple, joueur et joyeux. Sans cible autre que l’évolution... des unités de conscience dans l’énergie-matière ; sans cible autre que le don... des unités de conscience elles-mêmes—“disparues” au sein même de leur immatérialisation dernière ?
Le frais est gratuit. Il ne retient pas ce qui fuit, stagne ou s’enfonce. Le frais assure au libre-arbitre de pouvoir continuer à filer entre les mailles de ce qui bien vite tombe, se désunit et disparaît... s’il n’est re-créé à chaque instant. Le frais est dynamique comme la vie. La vie est fraîche... essentiellement, fondamentalement, divinement.

akmi, 8 juillet ‘18 - 10h08

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