remplir ou vider ?

Samedi 17 Novembre 2018
Je suis partie du titre ; et puis j’ai fait l’image... et je ne sais plus pourquoi le titre. Je voulais évoquer cet état transitoire parfois attardé, ou même permanent, du “je ne sais pas” : si j’avance ou si je recule, si je parle ou si je me tais, si je pense ou si je suis, si je bouge ou si je dors, si j’incarne ou si rêve, si je m’alourdis ou si je m’allège, si j’emplis ou si je vide. Beaucoup de fois, c’est absolument entre les deux. Très peu en équilibre ; indolore et sensible ; confortable et stressant ; habituel et intrigant ; normal et unique ; tranquille et passionné ; gratifiant et désastreux ; mobilisant et lénifiant ; ... Enfin, j’imagine que vous avez compris —ou pas.
Je suis dans cet entre-deux là. Et je ne sais bien comment je me sens vraiment. Inquiète ou à plat ? Angoissée même ou déjà reposée ? Suis-je d’ailleurs ou ne suis-je pas ?... ce que je crois être de moi. Je m’exile loin et près, en dehors et au dedans, dans les cimes et dans les profondeurs : la neige blanche et l’eau salée me sont familières ; je les bois indifféremment. L’une répond à la fin du cycle de l’autre, et ainsi de suite—comme une noyade céleste infinie.
La neige blanche est-elle bien franche ? : tombée en flocons, elle se cristallise au sol en un réseau de glace—dont les motifs expriment une mémoire subtile, stockée dans l’espace intermédiaire invisible. Des êtres invisibles y ont déposé leurs traces de seule “présence”.
L’eau salée est-elle si ambigüe ? : pleinement terrestre, elle présente des qualités d’immensité absolue—en reflet du ciel au-dessus, et son volume inexploré renferme la vie microscopique, développée au fil du temps. Des organismes continuent d’apparaître de cette entraille-là !
  • La neige, c’est la possibilité de l’invisible—qui y laisse son empreinte symbolique atemporelle : c’est la captation des cristaux.
  • L’eau, c’est la ronde du vivant—qui y imprime son émergence spontanée perpétuelle : c’est le milieu de la gestation.
Les deux se rencontrent-elles rarement ? ou souvent ? Les deux sont-elles précisément la preuve de l’histoire d’une co-générativité féconde entre les règnes de la matière et de l’information ?
La neige blanche fond et se dissout dans l’eau salée : l’eau douce ne résiste pas. L’eau salée extrait alors son sel, avant de se glacifier dans l’air rigoureux plus froid et plus sec du flocon originel. Une absorption - résorption ; et une salinisation de base. Il n’y a que le sel qui ne boucle aucun cycle de résolution. Le sel est dit “stable”. Il se dépose au fond des sols pour minéralement les conserver dans leur coque ; les pérenniser dans leur fertilité—dans la saveur de leurs productions : tel un minerais précieux, il est le “sel de la terre”. Le sel, c’est ce qu’il reste—dès lors que “le cycle” s’est épuisé ; dès lors que l’eau ne parvient plus à “condenser”, dès lors que l’organicité s’étiole au profit de l’assèchement, de la raideur, de l’amoindrissement... jusqu’à la pépite de “la mort”.

Clepsydre.

Je parcours encore indistinctement le cycle de ma vie. Quelle chance ! : “je suis”.
Quelle chance : je ne sais jamais dans quelle partie de mon cycle je me trouve et je me bonifie. Mon sel pourtant se stocke petit à petit : ma pépite karmique lentement se fabrique. Prise dans une prochaine “eau”, elle refera des siennes —ailleurs, dans une créature à venir qui ne saura rien de ce qui “de moi” advient en elle. Je lui transmettrai mon sel. ... Plus que mon ADN. Mon sel, ma substance “dure”—insoluble dans ma propre vie.

akmi, 17 nov. ‘18 - 18h50

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