une promesse sans doute perdue


Jeudi 8 Novembre 2018
Se contenter... souvent de ce qui n’existe pas... autrement que dans notre machine à simuler la vie. Et soudain renverser ce principe ! Partir de ce qui est—autour de soi, QUI EST, même s’il ne reste plus rien de nos échafaudages franchement téméraires et incertains. Même si on s’engloutit simplement tout entier en immergeant définitivement son trop plein de suggestions à vivre différemment. Il nous faut partir de maintenant, du fil courant ; résister aux tentations de le lâcher pour partir se délester la conscience dans l’imaginaire brut, “free-style”, émotionnellement nu, sensoriellement égarant. L’imaginaire qui fait plaisir—qui rafraîchit, mais dénature le “vrai vivant”... en train de se réaliser maintenant. Simuler, à quoi sert de simuler ? Quand on se trouve encore “en dehors”, “avant”, dans le moment précédent. A nous préparer—à nous rediriger pour accueillir un avenir que l’on peut espérer “comme cela”, présent ? vivant ?... Un avenir comme un enfant que l’on porterait... sans jamais l’accoucher ? Je n’accouche jamais. L’avenir se reporte sans cesse... en échos déformants, résistants au seul silence. Mon silence, comme un refuge, serait aussi mon passage dans l’au-delà de la situation : une éternité programmée.
Alors, il nous faut rester... dans le dédale de nos pensées qui font notre actualité, et résister. Résister à l’érosion trop forte qui émousse la patine brillante et naturelle. Et sans cesse “lâcher” : tout entier “se lâcher”. Partir se baigner pour se décharger ; laver, rincer, alléger. Ne garder que le strict nécessaire au vivant. Profiter de cette fraîcheur de la connexion courante—dégagée de toute référence, affranchie de tout passé, autre qu’engrammé dans la forme même que je suis. Lâcher. Être... peut-être, et transcender... ma seule présence sur terre. “Je” est un “être au ciel”, un doux-tranchant, un authentique-aimant. Mais comment ? comment poursuivre la vie sans son lien propre à la mémoire, à la traçabilité, à la continuité ? Comment s’ex-filtrer de soi ? Comment s’infuser d’avenir plus que de passé ? de possibilités plus que de fermetures ? de joie ouverte plus que d’enfermement ? Pourquoi, dit comme cela, le choix n’est-il pas plus simple dans la réalité ? Pourquoi se ligote-t-on à l’idée qu’on a de soi et de sa vie ? Une idée parfois usée, dégradée—infantilisée, handicapée, annihilée. Endormie.
L’éveil viendrait-il de cette capacité que l’on a tous de “se lâcher” soi-même ?... quand le noeud d’étouffement se fait trop chaud, quand la pollution émotionnelle devient trop sirupeuse, collante et noyée. On sombre en soi, dans le “non-être”—là où le mouvement libre et la respiration spontanée ne sont plus. C’est cramé-séché comme la sale poussière du plancher ; braisé-consumé comme l’os d’une crémation forcée. Accepter de (se) couler, ou bien... tenter de (se) “lâcher” ?
“Lâcher” nous rend à l’air. On change d’élément. De l’air, on passe à la terre. De la terre, à l’eau. Avant de re-creuser des goulots... Ainsi dans les éléments, va mon onde “tao”. Ma fatigue ne se fait sentir que quand on m’interrompt—quand je perds ma concentration, ma pénétration : le sens de mon action. Dissolution. Fragments d’être bénéfiquement dispersés.
Je vous quitte toute “achevée”, toute “distendue”, toute “éclatée”—toute “libérée” ! Il était temps : un coup de fil m’a bifurquée. 😃

akmi, 8 nov. ‘18 - 12h07

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