topographie de l'art '19


Mon travail de thérapeute se nourrit de recherches philo-artistiques à vocation psycho-spirituelle ; et ce, selon deux approches : l'une littéraire (des textes poétiques associatifs), l'autre picturale (peintures à la colle et acryliques).
Ci-après, l'une de mes manières de peindre (à l'acrylique) prochainement exposée, afin de servir le déroulé existentiel envisagé par la structure de l'Arbre Réel.
Je vous propose ici quatre "narrations" diversement énergétiques pour l'éclairer...
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L'Arbre Réel - "Quaternité"

Exposition "Energeïa"
15 nov. '19 - 8 janv. '20
Espace Topographie de l'Art, Paris 3è
Commissariat : Le Musée de l'Invisible, Pascal Pique.

"L'Arbre Réel" - Quaternité.
Acrylique sur cartons entoilés, 165*135 (2019)

(pour une pleine définition, cliquer sur l'image)

Invitation exposition Energeïa.

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Anika Mignotte
L’oeuvre comme énergie incorporée

La Quaternité picturale présentée à Energéïa est la traduction énergétique d'un principe philosophique relationnel quaternaire, synergisant ce que j'ai identifié comme étant les quatre pôles émergentiels de notre monde matériel et immatériel :
  • l'un corporel, physique, organique est de l'ordre de la Vie : généreuse, fusionnelle, réactionnelle, passionnelle, rouge, chaude, elle évolue lentement dans sa forme au fil du temps ;
  • l'autre spirituel, informationnel, mathématique est de l'ordre de l'Ange : bleu-transparent, froid, anguleux, diffracté, complexe, brillant, originel et non-incarné, il tombe juste, mais sans éprouvé ;
  • le troisième, médiateur des deux premiers, est synchronisateur du "corps vécu" : jaune, riche, hétéroclite, temporel, dynamique, mouvant, changeant, il est présence et fait expérience ;
  • enfin, le quatrième est intégrateur des dimensions à proprement parler chaosmiques dans celles ordinaires : or-violet, intense, profond, mystique, il pénètre le mystère d'un espace-temps qui se déchire.
L'énergie, c'est le sens incorporé dans une mise en présence. Un peu à la manière scénique, ici la toile devient l'acteur-passeur de la charge induite par l'auteur. Le peintre unifie en lui le corps, le geste et la voix de celui qui sent, voit et conçoit. L'intention dirigée, mais pas toujours très consciente, s'agrège dans un mouvement quasi-automatique devenu pure énergie à vivre et à créer.
Assemblée, l'oeuvre me donne à percevoir une sorte de grandiosité, de magistralité : elle s'impose ; et bien malgré moi, j'entre alors dans une religiosité respectueuse, vivante, simple, intérieure et joyeuse - à savoir ni dogmatique, ni fabriquée ou imposée du dehors. Ma spiritualité propre, imprégnée, vitale et forcenée, a guidé l'ensemble de la conception et de la réalisation. Ses racines se trouvent sans aucun doute dans une manière de revisiter la chrétienté archaïque (Trinité ou Immaculée Conception) ; mais son mode d'appropriation, postural mental, est avant tout bouddhiste, au travers du rapprochement entre les notions de relation et de vacuité. On retrouvera aussi l'esprit de la structure séphirotique de l'Arbre de Vie kabbalistique. La part invisible de l'oeuvre est celle, subtile, qui facilitera le cheminement du spectateur jusqu'à son propre invisible chaosmique.

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I ] Une narration par la couleur

acrylique sur carton entoilé (50*50)
Le rouge et ses cellules, grosses, pleines et sirupeuses ; textures agglutinantes, développements lents.
Le rouge nous stoppe dans la terre : nous pèse et nous engonce... dans nos corps à l'arrêt.
On n'y inspire que rarement, la matière trop dense faisant obstruction.
Quand on expire, c'est qu'on crache nos démons.

acrylique sur carton entoilé (50*50)
Le bleu et ses fins triangles, saillants et coupants ; gelures brûlantes, saignées vivantes.
Le bleu des âmes transperce comme des pics d'eau glacée ; rapide, brusque, souple et léger, il nous effleure ou nous griffe simplement.
L'altérité vient nous faire du bien à force d'avoir mal.
Elle nous force à nous expanser au lieu de nous diminuer.

acrylique sur carton entoilé (50*50)
Le jaune et son grouillement de petits corps oscillants ; enveloppement chorégraphié, vibrations synchronisées.
Le jaune chauffe et fusionne nos différences dans le chaudron du dansant ; il les propulse en avant dynamiquement dans le temps.
Nous sommes entiers et ardents : notre souffle est haletant.
L'antre de notre feu, sacrée, nous procure la joie d'être en cet instant.

acrylique sur carton entoilé (50*50)
Le violet et sa voie royale : quintessence des réceptivités invisibles dans le monde physique.
Le violet, c'est l'air qu'on respire, quand les évènements s'adressent à nous de manière troublante et signifiante.
A ce moment-là, nous ne faisons qu'un avec ce qui nous entoure.
Nous absorbons littéralement ce qui devient déjà "nous" plus loin.



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II ] Une narration par le visible et l'Invisible


L'Arbre Réel est une “mécanique des fluides”, des flux qui s’attirent, se conjuguent et qui donnent naissance... Il est de forme quaternaire : formalisé en double hélice Tao— dont les dynamiques couplées convergent vers le centre, la résolution, la finalité, l'Oméga. … La Quaternité est la version picturale du quadrivium polarisé de l'Arbre.

Comment vous approprier cette Quaternité... qui ne parle que d'Amour et de Relation ? Voici une manière de la parcourir :

La Vie (à droite) est ce qui incorpore l'information connaissante, dans la matière originellement "ignorante". Généreuse, fusionnelle, réactionnelle, passionnelle,... chaude, ronde, gonflée, agrégée —rouge opaque, elle évolue lentement dans sa forme, au fil du temps à l'échelle cosmique :
  • autonome, elle permet l'individualité : notre corps circonscrit dans ses limites membranaires se régénère selon ses plans propres liés à l'ADN ; notre esprit initialement encapsulé dans son "bocal mental" vise la singularité de sa réalisation en son "individuation" ultime ;
  • enactive, elle ne cesse de co-émerger holistiquement avec son environnement "alter".
Le Nouveau (à gauche) est ce qui précède la Vie dans l'ordre créatif cosmique. Le Nouveau informe la Vie : la nourrit en informations conformes à la nature réelle des choses. Il est bleu-transparent —froid, anguleux, diffracté, complexe et brillant. Mathématique originelle non-incarnée—qui tombe juste, mais sans éprouvé, le Nouveau "sait", ajuste et sépare "ce qui est" de "ce qui n'est pas". Il affine notre granularité perceptive à l'environnement et déclenche notre innovation modélisatrice de la réalité. Le Nouveau nous rapproche de nous-mêmes en la compréhension intuitive, conceptuelle et sensible, du monde et de notre "être véritable" en son sein. Pour cela, les rencontres nous guident : nous suspendent, avant l'internalisation qui précède notre nouveau "devenir conscient".

Le Temps (milieu bas) synchronise... couple l'immatériel et l'incarnation. Le Temps permet l'intégration créative de "tout ce qui est" avec "tout ce qui est" —que les agents en rapport soient de même nature, ou clivés entre eux par un "fossé d'explicitation" (comme ce qui caractérise la différence de fondement entre l'information et la matière —dont les phénoménologies néanmoins s'épousent). Jaune —riche, hétéroclite, dynamique, mouvant, changeant, le Temps avant tout fait "expérience". Nous dedans, dans l'équilibre "corps-esprit", bougeons à la vitesse de ses propositions : des opportunités que nous saisissons dans un rapport juste et fécond à l'existant. Nous sommes, rapides et précis, au fil des évènements... installés dans une "présence" en nous-mêmes qui nous rend non seulement conscients, mais aussi pleinement "immanents".

La Vérité (milieu haut) alors peut s'accomplir, en tant qu'elle dit l'ontologie par-dessous les apparences transitoires et relatives. Les ressources émergeantes, chaotiques et inventives, se stabilisent progressivement en une immuabilité silencieuse, présente aux seules dimensions "chaosmiques". Le violet intense, profond et mystique, ouvre sa voie et son mystère. L'espace-temps se déchire. Ce qui nous arrive nous affecte de manière "synchronistique"... On touche le sacré d'une Transcendance inconnue, médiatrice de notre place universelle, intégrale et collective.
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III ] Une narration par le soi et le Sans-soi

La résolution évolutive du "petit système" converge vers le centre absolu : l’Oméga.

Où les rives se rejoignent-elles ? Où la ligne de crête se pratique-t-elle ? ... Où tout est-il "vrai" à la fois ?... si ce n’est en un lieu commun simplement plus profond—aux confins d’une convergence qui synchronise tout avec tout : l’Oméga. S’il y a convergence, elle est nécessairement progressive : elle résulte d’un "hasard"—mu par l’attraction céleste de tout avec tout... selon des lois qui brassent et maillent le yin et le yang en un indéfectible Tao.

Et c’est ainsi que, lentement, on passe du relatif à l’absolu, de l’auto-centrage phénoménologique au mouvement collectif ontologique, du "soi" conditionné (soumis au karma), au "Sans-Soi" libéré : un "soi" dissout dans l’Amour Inconditionné, et mu en "Sans-Soi".

Car c’est l’Amour qui lie, qui associe, qui synchronise ; car c’est l’Amour, par son action au sein des éléments égoïques, qui est capable de faire émerger le niveau plus en-dessous—d’une autre nature et d’un ordre supérieur : sans plus d’égo.

Quand le "petit-soi" se lie, le "Sans-Soi" en lui se réalise ; et la forme incarnée (précédemment égoïque) bascule dans le royaume des Invisibles. C'est le lien entre les "petits-soi" qui crée la possibilité-même d'une évolution vers le "Sans-Soi" Invisible global —ou Oméga.

Réel - Vie - Ego.

Je suis... "moi".
J’ai le sens de ma personne, de mon unité, incarnée (ou non), mais circonscrite et donc différentiée des autres unités.
Mon égo me rend vivant(e) et autonome. Au sein de mon environnement, il me permet de relationner avec ce qui, de mon point de vue, se nomme "altérité".
Je m’ancre dans la matière... et, inexorablement, dans sa part de réactivité et d’ignorance.

Possible - Nouveau – Altérité.

Je me lie... à "mon manque".
L’attraction Tao me conduit à désirer ce qui "n’est pas moi", mais qui aussi "me ressemble", car je suis compatible avec ce qui "me complète".
De l’extérieur de moi-même, je me parachève, tout en me déclenchant activement à l’endroit-même de la possibilité de mon évolution.
J’entre dans la perception connaissante— réflexive et périphérique. J’évolue, en conscience.

Actuel - Temps - Ce qui porte.

Je me dissous... quand je danse ma synchronie "corps-esprit".
Entre moi et l’autre, il y a cette zone d’inconfort fluide et indéfinissable—qui ne correspond ni tout-à-fait à lui, ni tout-à-fait à moi. C’est un laisser-aller "sexué"—qui glisse tout dans tout, dans l’intégration des contraires.
Ma conscience devient "présence". Plus j’intègre ce qui me rencontre, plus "j’existe" peut-être encore, mais cette fois, réellement pour ce qui m’absorbe et Qui-Est. ...

Virtuel - Vérité - Chaosmos.

Le "Sans-Soi" se réalise.
Plus "je colle" en profondeur à la nature unique et multiple de l’Etre, plus ce qui est face à moi devient naturellement "vivant" en moi. Alors quelque chose de mon "petit-moi" définitivement se perd.
La dualité inhérente à mon incarnation première, se fond dans l’appel de l’Amour qui joint le Tout au Tout. L’Amour-même, "je" deviens.
Le Sans-Soi... où "je" ne suis plus que l'Amour.
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IV ] Une narration, délibérément énergétique, liée à la "naissance de soi" / "naissance du nous"

Deux circuits énergétiques, au travers du franchissement de cinq "portes" de transition entre 6 "stations-couleurs".

Je propose ici un rêve éveillé dirigé (RED) permettant une approche sensitive et symbolique de l'incarnation ; un circuit chromo-spirituel librement inspiré de la pratique Maitri d’immersion psycho-émotionnelle et physiologique dans les 5 champs colorés des familles de Bouddha (+ le violet).
    Naissance individuelle.




Communion inter-individuelle.



Les quatre pôles de la Quaternité peuvent se visiter selon deux narrations colorées chaînées :
  • dans une perspective de "naissance individuelle" : depuis l’esprit / le Soi (le Possible-bleu), au fil d’une longue conception-gestation intégrant sous membrane le corps-foetal (le Réel-rouge)... jusqu’à la naissance à la présence et au "jour créatif" (l’Actuel-jaune),
  • dans une perspective de "communion inter-individuelle" : depuis l’ego (le Réel-rouge), en ouverture à l’altérité individuelle (le Possible-bleu) ; ou bien en se situant dans la présence synchronisée / l’Immanence (l’Actuel-jaune), en réceptivité des synchronicités chaosmiques / la Transcendance (le Virtuel-violet), au sein de l'évolution humaine collective.
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